26. A M. DARGET.
Le 29 juillet 1754.
J'ai reçu votre lettre, mon bon Darget, après un tour que j'ai été faire en Franconie pour voir mes deux sœurs. Maupertuis est ici de retour, et ce qu'il y a d'extraordinaire, c'est qu'il n'a point encore été question de Voltaire. Algarotti a pris la clef des champs; il s'établit à Venise, où il épouse une personne qui, dit-on, lui donne du bien. Voilà un grand dérangement dans la société, et vous autres me faites faire maison neuve malgré moi. Si vous voyez Valori, faites-lui mes compliments.
Je m'en vais à présent à Sans-Souci, où je prendrai les eaux tranquillement, sans entendre parler ni des querelles des dévots, ni des représentations des parlements, ni des envieuses intrigues des beaux esprits. Adieu, mon bon Darget; je vous souhaite gaieté et repos, mais surtout que vous pissiez bien, car point de salut dans ce monde avec des caroncules dans l'urètre.
27. DE M. DARGET.
Vincennes, 3 août 1754.
Sire,
La bonté de Votre Majesté la porte à me souhaiter du repos et de la gaieté; je n'ai pas plus de celle-ci qu'à Potsdam, et j'y pourrais avoir plus de repos qu'en tout autre endroit du monde, si j'avais eu de la santé et point de fils. C'est à ces deux objets que j'ai sacrifié le bonheur de ma vie, que mon attachement pour vous, Sire, me faisait