<6>Vous me croyez peut-être désœuvré, en recevant une si longue lettre et tant de mauvais vers à la fois; il n'en est pourtant pas tout à fait ainsi.
Malheur à tous les rois qui ne sont plus que rois,
Absorbés dans leur greffe, imbus de leurs exploits,
Qui, tristement perchés sur le sommet du trône,
Ou dévorent la messe, ou s'endorment au prône,
Et qui de l'étiquette ont conçu la fureur,
Esclaves enchaînés aux bords de leur grandeur!
Il faut savoir descendre et monter au théâtre,
Varier le ton grave avec le ton folâtre,
Loin de représenter, dans sa niche enchâssé,
Un saint par les bigots sur un autel placé,
Solitaire ennuyeux et sombre personnage,
Nourri d'un vain encens, d'un éternel hommage.a
Vous me ferez plaisir de m'envoyer ces vers du mois de novembre dont vous me parlez; je les crois égarés à la poste. Adieu; j'attends ces vers et votre réponse.
3. AU MÊME.
Berlin, 28 décembre 1748.
J'ai bien reçu dans son temps, monsieur, votre lettre du 10 avril dernier et le discours de votre réception à l'Académie française.b Je vous remercie de l'attention que vous avez eue de me l'envoyer, et je l'ai lu avec grand plaisir. Vous avez, ce me semble, tiré de votre
a Ces douze vers rappellent la Variation d'un passage de Zaïre, t. XIV, p. 203 et 204.
b Voyez les Œuvres de Gresset, t. II, p. 243-251.