<61>M. de Voltaire est toujours en Alsace avec madame Denis, sa nièce. On remettra, cet hiver, sa Rome sauvée sur le théâtre; on attend, au retour de Fontainebleau, le Triumvirat, de Crébillon, sur le succès duquel les avis sont partagés. Les comédiens en ont la plus grande opinion; mais ce qui est vrai, Sire, et qui ne le peut être que dans ce pays-ci, c'est que toutes les loges étaient retenues pour les premières représentations de cette tragédie, avant que les rôles en fussent distribués. Je suis, etc.
31. A M. DARGET.
Potsdam, 14 décembre 1754.
Je ne saurais faire pour vous ce que vous me demandez dans votre dernière lettre; je le crois d'ailleurs assez inutile, parce que M. de Séchelles verra bien aisément que je m'intéresse pour vous, dès que vous serez présenté par mon ministre.
Quant aux tableaux dont vous me parlez, je vous dirai que je ne suis plus dans ce goût-là, ou plutôt j'en ai assez dans ce genre. J'achète à présent volontiers des Rubens, des van Dyck, en un mot, les tableaux des grands peintres, tant de l'école flamande que de l'école française. Si vous en savez quelqu'un à vendre, vous me ferez plaisir de me l'indiquer. J'ai toujours les mêmes sentiments pour vous, et vous devez être persuadé que je vous rendrai service dès que cela se pourra.
P. S. Ne vous étonnez point de la mauvaise écriture de cette lettre; j'ai un chat de la Sorbonne qui me sert de secrétaire.