3. AU BARON DE PÖLLNITZ.
Potsdam, 11 mars 1744.
Je viens de recevoir la lettre que vous m'avez écrite en date du 3 de ce mois, sur laquelle je vous dirai en réponse que vous devez réfléchir en homme sage et raisonnable sur le pas que vous méditez de faire, et qui ne laisserait pas que de vous ruiner d'honneur et de réputation. Il n'y a personne qui dût mieux connaître que vous l'état que vous paraissez vouloir embrasser; c'est pourquoi je vous conseille fort d'y penser plus d'un jour avant que de vous exposer à des regrets qui tôt ou tard seraient immanquables et accablants pour vous. Et sur cela, etc.
aJe suis assez raisonnable pour vous plaindre; mais je dois vous dire en même temps que je ne vous conseille pas de vous précipiter dans vos résolutions. Vous êtes d'un caractère trop inquiet pour pouvoir jamais vivre en repos quelque part, et, si vous n'avez pas pu vous tenir chez moi, où vous étiez auprès d'un maître qui vous voulait du bien, et qui même vous en a donné des marques, comment tiendrez-vous dans le couvent où vous allez vous mettre en pension? Je suis sûr que c'est la honte de voir échouer le mariage que mademoiselle de Marwitz avait ourdi en votre faveur qui, jointe avec les dettes que votre voyage vous a fait contracter, vous empêche de revenir ici. Mais, si vous aviez été sensé, vous auriez pris votre parti, et vous n'auriez pas ajouté la seconde sottise à la première. Enfin vous êtes le maître de faire ce que bon vous semble; allez même à Rome, si vous le voulez, faites-vous chanoine de Liége, etc. Je suis sûr que vous payerez tous vos bienfaiteurs de la même ingratitude que vous me payez, et que l'inquiétude de votre esprit vous travail-
a De la main du Roi.