<9>Quant à l'affaire de Laurent et Toirons,a dont vous me parlez, je suis entré dans leurs plans avec toute l'envie possible de les aider et de les mettre à même de ne point regretter leur patrie. Si tout est allé contre mon attente et les secours considérables que je leur ai donnés à différentes reprises, ils doivent s'en prendre à eux-mêmes et à leurs arrangements. La justice examine leur cause; elle les traitera avec cette équité dont je ne souffrirai jamais qu'elle se départe. Mais, en décidant moi-même sur une affaire qu'elle a prise à soi, je manquerais à ma façon de penser et à l'équité. Cette loi, que tout m'impose, m'empêche seule de faire pour vous dans cette affaire tout ce que je désirerais. C'est vous dire combien j'aimerais à vous prouver, dans tout autre cas que ce qui est du ressort de ces lois et de la justice, le cas infini que je fais de vous et de vos recommandations.
Sur ce, je prie Dieu qu'il vous ait en sa sainte et digne garde.
6. AU MÊME.
Berlin, 27 septembre 1769.
Ce sera toujours avec un plaisir nouveau que je recevrai et que je lirai vos ouvrages. Souvenez-vous de votre promesse, et que j'aie bientôt ce poëme dont vous me parlez.
a Ces deux hommes étaient venus d'Amiens pour fonder à Berlin une fabrique dite de manchester. Ils succombèrent dans une contestation qu'ils eurent avec le ministre des finances de Hagen, et ils furent ruinés. Voyez Frédéric le Grand, ou Mes souvenirs de vingt ans de séjour à Berlin, par Thiébault, t. IV, p. 87 de l'édition de 1804.