<92> France, qui ne feraient pas un bon effet. Ensuite vous dites de Meinders qu'il avait de la finesse, ce qui serait extraordinaire chez un Allemand; et par-ci par-là vous donnez dans le diffus sur les matières de cérémonies et sur des détails de petits particuliers qui n'intéressent personne, comme j'ai aussi pris la liberté de le marquer en marginale avec du crayon, pour que vous puissiez l'effacer. En un mot, ou écrivez gravement, et mettez plus d'étoffe dans votre ouvrage, ou tenez-vous-en aux anecdotes, que vous ornerez par votre style, qui est badin et enjoué. Toutefois ne vous en tenez point à mon jugement, et consultez vos amis, qui pourront vous dire leurs sentiments.a
Adieu, baron; je vous souhaite santé et vie, et tout le reste sera facile à redresser et à faire.
8. AU MÊME.
Potsdam, 2 septembre 1746.
J'ai vu par votre lettre la vive représentation que vous me faites de votre situation, dont vous me paraissez peu content. Je suis persuadé que vous ne pouvez pas passer pour riche; mais je crois qu'il y a beaucoup de personnes, et même de qualité, dont la fortune est
a Le baron de Pöllnitz corrigea ses Mémoires, et en présenta, en 1745, le premier volume à la reine douairière Sophie-Dorothée, à qui il les dédia. Plus tard il retoucha encore son ouvrage, comme on peut le voir dans l'édition de 1791, la seule qui en ait été faite, et qui fut publiée à Berlin par F.-L. Brunn, d'après le manuscrit de 1754, sous le titre de : Mémoires pour servir à l'histoire des quatre derniers souverains de la maison de Brandebourg royale de Prusse. Le manuscrit présenté en 1745 à la reine douairière, rédigé en forme de lettres et renfermant les règnes de l'électeur Frédéric-Guillaume et de Frédéric Ier, se trouve à présent dans la bibliothèque de M. Benoni Friedländer.