VI. CORRESPONDANCE DE FRÉDÉRIC AVEC LE BARON DE LA MOTTE FOUQUÉ. (23 NOVEMBRE 1736 - 5 SEPTEMBRE 1773.)[Titelblatt]
<122><123>1. AU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Rheinsberg, 23 novembre 1736.
Mon cher Fouqué, j'ai eu le plaisir de recevoir votre lettre, et je serai toujours charmé de vous voir chez moi. Je vous prie d'en être entièrement persuadé et de me croire avec bien de l'amitié,
Mon cher Fouqué,
Votre bien affectionné ami.
123-aVous n'avez besoin de me faire des excuses que sur ce que vous êtes parti trop tôt de chez moi. Depuis que vous n'y êtes plus, les cerfs et les sangliers ont plus de repos que oncques. Si vous vous ressouvenez parfois avec plaisir d'avoir été chez moi, j'espère que ce vous sera un motif pour revenir un jour chez un hôte qui sera toujours charmé de vous voir. Depuis votre départ, Chasot se dispute encore tous les soirs avec Jordan. Un de ces soirs, il lui soutint de pied ferme qu'il était formé de la composition de douze œufs.
<124>2. AU MÊME.
Berlin, 22 janvier 1739.
Monsieur de Fouqué, j'ai remis et recommandé la lettre à Hacke;124-a j'en attends la réponse. Le prince d'Anhalt m'a écrit; il se plaint extrêmement de vous, il ajoute même qu'il a demandé au Roi votre congé. Je lui ai répondu qu'il ne devait point trouver mauvais que je prenne votre parti en vous recommandant ailleurs, et que je fasse à votre égard ce que l'on fait à l'égard d'une personne que l'on aime et que l'on estime. Vous aurez sans doute déjà reçu la copie des deux lettres que j'ai écrites en votre faveur. Je vous apprendrai bientôt ce quelles auront produit. Je suis, etc.
124-bJ'ai pensé partir pour l'éternité d'une colique violente et de crampes d'estomac qui menaçaient ma vie d'une fin subite. Heureusement j'en suis réchappé, et j'ai la satisfaction de vous dire que je vous ai fait obtenir votre congé, et que j'espère de pouvoir vous donner en peu de bonnes nouvelles du Danemark. Si l'argent vous manque, écrivez-le-moi.
<125>3. AU MÊME.
Berlin, le dernier de janvier 1739.
Monsieur Fouqué, j'ai bien reçu toutes vos lettres. J'attends avec impatience réponse à celles que j'ai écrites en votre faveur; aussitôt que je l'aurai reçue, je ne manquerai pas de vous les envoyer d'abord. Soyez assuré que j'emploierai tout ce qui dépendra de moi pour vous rendre service dans cette occasion. Je suis, etc.
125-aSylla est brouillé avec Denys de Syracuse. J'ai écrit à Sylla125-b tout ce que je devais lui marquer sur votre sujet. Lorsque je recevrai les réponses de D. et de S., je vous les enverrai.
4. AU MÊME.
Ruppin, 23 août 1739.
125-aMonsieur, ayant eu le plaisir de recevoir votre lettre du 24 de juillet, je vous suis très-obligé des marques d'amitié que vous avez bien voulu m'y donner. Mandez-moi, je vous en prie, si le général Lövenörn a reçu le vin de Champagne que je lui envoyai il y a quelque temps, et si son fils lui a rendu ma lettre. Le Roi m'ayant fait présent du haras de Prusse,125-c vous me feriez plaisir si vous pouviez me<126> procurer une couple de chevaux entiers, des plus beaux qu'on les trouve en Danemark, et de la hauteur de dix-sept mains. Mais prenez bien garde qu'ils n'aient des éparvins, ou soient d'une race sujette à ce défaut. Avant que de les acheter, mandez-moi le prix, et soyez persuadé des sentiments d'estime avec lesquels je suis, etc.
5. AU MÊME.
Remusberg, 27 mai 1740.
126-aMon cher Fouqué, vous faites comme les bons chrétiens, qui, à l'article de la mort, renoncent au monde, puisqu'ils se voient au moment de le quitter. Vous renoncez à Copenhague et à Christian, puisque vous touchez au moment où je vous rappellerai de ce séjour passager pour vous rejoindre éternellement au troupeau de vos amis. Vous faites bien de prendre part à ce qui se passe à Remusberg; ce n'est point œuvre surérogatoire, ce n'est qu'œuvre réciproque. Vous avez assez bien jugé de ce qui se fera, et dans peu Remusberg, et Gargantua nommément, seront plus brillants que jamais. Nous vous y attendons dans peu, et, n'en déplaise à Christian, il sera obligé de se contenter qu'un honnête homme l'ait servi une année entière.
Je vous embrasse, mon cher Fouqué, de tout mon cœur, et vous prie de me croire votre très-fidèle et constant ami.
<127>6. AU MÊME.
Charlottenbourg, 19 juin 1740.
127-aCher Fouqué, j'ai été fort réjoui par votre lettre; mais je l'aurais été infiniment davantage par votre présence. Votre famille et moi, nous la souhaitons beaucoup; je ne sais si je ne la désire pas plus encore que vos enfants. Adieu; ne nous faites plus languir, et plantez là votre Christian avec toute sa gloire.
7. DU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Elseneur, 28 juin 1740.
Sire,
127-bQui suis-je, pauvre mortel, que mon seigneur et mon roi daigne se souvenir de son serviteur avec tant de grâces et de bonté, dans le temps même que V. M. consacre ses moments précieux et ses soins aux besoins de son peuple. Quant à moi, j'en ai l'âme ravie, et tout le monde, Sire, retentit de l'éclat de votre gloire, non dans ce vain éclat d'un Crésus, mais semblable à la sagesse d'un Solon, qui n'a que la vertu pour guide. Vos bienfaits, Sire, et le temps, ne vous feront reconnaître que des ingrats, car vos grâces surpassent leurs forces et leur attente.
Je relus hier la lettre de V. M., et jamais je ne ressentis plus de joie.
Christian vient de m'octroyer le congé et de me marquer par son greffier que, en considération du parfait dévouement qu'il se ressent<128> pour V. M., il me le donne avec le brevet de colonel, m'ordonne encore de me rendre à Schlev.,128-a où il veut me voir et me parler.
Je pars demain, et me rendrai le plus prompt que possible aux pieds de V. M., pour lui renouveler les vœux d'une affection et d'une fidélité inviolable, l'entière soumission et le profond respect avec lesquels je suis, etc.
8. AU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Neudorf, près de Nollendorf,128-b 26 (octobre 1756).
Je vous remercie, mon cher Fouqué, de la part que vous prenez aux succès de ma campagne. J'ai fait ce que j'ai pu. Les ennemis ont apparemment fait plus de fautes que mes officiers, de sorte que, cette année, nous avons réussi. Mais toute cette campagne n'est que l'entablement au jeu d'échecs. L'année qui vient, la partie commencera, et c'est une rude tâche que je me suis proposée d'être sage toujours. Le projet est hardi pour un étourdi comme vous me connaissez; j'y ferai ce que je pourrai. Je placerai votre Goltz. J'ai des compagnies à revendre, et je me déferai de toutes les lourdes bêtes de l'armée, comme le commencement s'en est déjà fait. Je ne regarde pas la campagne comme entièrement finie, et je crois que nous aurons encore un petit bout d'arrière-saison. Je m'y prépare, et j'ai pris mes arrangements d'avance, pour qu'on ne me prenne pas sans vert. Adieu, mon cher. Je vous embrasse, et je marche demain pour arranger cent mille coïonneries héroïques qui cependant toutes sont nécessaires.
<129>9. AU MÊME.
Breslau, 23 décembre 1758.
Je vous envoie, mon cher ami, l'obole de la veuve; recevez-la d'aussi bon cœur que je vous l'ai destinée. C'est un petit secours dont vous pouvez bien avoir besoin dans ces temps calamiteux.
Je vous envoie en même temps quelques Réflexions,129-a qui sont tout le fruit que j'ai recueilli de ma dernière campagne.
Selon les apparences, les quartiers d'hiver seront tranquilles; l'ennemi ne fait aucune démonstration de vouloir nous y troubler. Je ne crois pas qu'il en soit de même du prince Ferdinand. Mais laissons l'avenir sous le voile où la Providence a voulu le cacher, et, pour parler du présent, soyez persuadé de l'amitié et de l'estime que je vous conserverai jusqu'à la fin de mes jours. Adieu.
10. DU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Léobschütz, 2 janvier 59.
Sire,
Souvenez-vous de vos bienfaits, et pensez que vous m'avez enrichi au delà de mes désirs. Pour comble de bontés, vous venez de me faire un présent de deux mille écus. Je vous en rends de très-humbles actions de grâces, et je tâcherai d'en faire le meilleur usage pour votre service.
<130>Je juge par les traits de générosité de V. M. que ses trésors sont inépuisables. Tant mieux, je vous en félicite, et suis, etc.
11. DU MÊME.
Léobschütz, 2 janvier 1759.
Sire,
Il est étonnant, il est même surnaturel de voir Votre Majesté suffire à tant d'occupations différentes, et qui toutes sont d'un détail infini; aussi êtes-vous l'unique dans ce monde qui puisse y fournir.
Sans contredit, celles de la guerre sont les plus pressantes et les plus nécessaires; et je vois aussi, par les Réflexions que V. M. vient de faire sur cet objet important, qu'elle l'a profondément médité. Personne n'est plus capable que vous, Sire, de faire de solides réflexions; elles sont le fruit de la grande expérience que vous avez acquise. Personne n'a soutenu des guerres comparables à celles que vous avez faites; l'histoire ne présente rien de tel, et, quoique dans cette dernière campagne vous n'ayez point fait de conquêtes, les faits mémorables qui la caractérisent, l'activité que vous y avez déployée, et le courage avec lequel vous avez soutenu et repoussé les puissances les plus formidables de l'Europe, vous immortaliseront à jamais, et vous donnent le pas sur tous les héros anciens et modernes.
La flatterie, Sire, n'est point de mon caractère; le monde entier vous rend justice.
Il semble, Sire, que, en me communiquant vos Réflexions sur la tactique et sur quelques parties de la guerre, V. M. approuve, ou plutôt m'ordonne de lui en dire mon sentiment; c'est un maître qui veut se faire instruire par son écolier. J'obéis, et je me flatte de ne courir<131> aucun risque, puisque la sincérité de mes sentiments vous est connue, aussi bien que mon attachement pour votre service et mon zèle pour votre auguste personne.
Si la guerre continue, il faut espérer que vous n'aurez plus autant d'armées ennemies sur les bras, et qu'il s'en détachera quelques parties. Si ce concert continue, naturellement nous devons succomber.
Les remarques auxquelles V. M. a donné le plus d'attention portent principalement sur trois points : 1o la manière de camper des Autrichiens; 2o l'attaque de leur armée en marche; 3o leur nombreuse artillerie.
Quant au premier point, qui est celui des camps inabordables des Autrichiens, tant sur leur front que sur leurs flancs, je crois qu'il ne serait à propos de les imiter que lorsqu'on aurait pour objet de leur défendre un passage ou l'entrée d'un pays, de couvrir une place, ou d'éviter le combat, supposé que notre armée fût de beaucoup inférieure à la leur. Autrement, deux armées qui auraient le même objet courraient risque de passer une campagne à ne rien faire de considérable, ce qui ne convient pas à notre situation; et c'est certainement aussi ce qui n'arrivera pas, car il se fera des détachements de part et d'autre, d'où il résultera dans la position des armées des changements qui pourront occasionner des combats.
Je pense qu'un camp qui aurait ses ailes bien appuyées, de manière à ne pouvoir être tourné, et dont le front ferait une pente, sans avantage réel de part ni d'autre, je pense, dis-je, qu'un pareil camp nous conviendrait. Une position semblable pourrait engager les Autrichiens à venir à nous, et nous donnerait la facilité de marcher à leur rencontre; il ne s'agirait alors que de trouver des camps dont les appuis étayeraient les ailes et les flancs.
Rien de plus solide, Sire, de mieux pensé et de plus désirable que d'attirer les ennemis dans la plaine. Il est vrai que ce projet n'est praticable que par le sacrifice d'une grande partie de votre pays; mais,<132> d'un autre côté, cela pourrait nous conduire au but; il ne serait question alors que de bien pourvoir les places frontières.
Je ne sais si ma conjecture est juste; mais, en examinant la conduite du général Daun dans la dernière campagne, je doute que vous réussissiez à faire sortir ce vieux renard de ses terriers, s'il conserve le commandement de l'armée. Il s'est fait un système tout opposé à votre projet. Les batailles de Hohenfriedeberg et de Lissa sont toujours présentes à la mémoire des Autrichiens.
Si votre projet peut avoir lieu, il nous conduira à deux choses, qui sont de céder à nos ennemis le premier pas et les marches, au lieu que nous les avons toujours prévenus par l'ouverture des campagnes.
Le second point regarde l'attaque de leur armée en marche; mais leurs marches, comme V. M. le remarque, sont si bien conduites et si exactement masquées par la multitude de leurs troupes légères, qu'on ne doit guère se flatter de remporter des avantages réels dans une occasion semblable.
Il en est de même de l'attaque de leurs postes, qui sont également forts et inabordables; ce serait y sacrifier une infinité de monde, et le succès en serait très-incertain. Si le poste est mauvais, ils l'abandonnent. C'est ce que nous avons vu pratiquer à plusieurs de leurs généraux.
Malgré ces difficultés, il serait bien fâcheux qu'il ne se présentât pas dans le cours d'une campagne une occasion de les trouver en défaut.
L'article de l'artillerie est le troisième point, et sans doute il est capital. V. M. convient des faits suivants : que l'artillerie des Autrichiens est de beaucoup supérieure à la nôtre, qu'elle est mieux servie, et qu'elle atteint de plus loin par la bonté de la poudre et par la quantité qu'ils en emploient dans la charge des pièces. L'exécution de cette artillerie formidable a seule donné lieu aux remarques que V. M. a faites sur la valeur intrinsèque de notre infanterie présente.
<133>Les Romains adoptèrent les épées de bonne trempe des Gaulois, et asservirent leurs vainqueurs. Suivons leur exemple, Sire, ainsi que vous l'avez résolu; opposons artillerie à artillerie avec la proportion des artilleurs, et vous ferez des régiments de votre armée autant de légions sacrées de Thébains. Il n'y a que cette supériorité d'artillerie, dont ils ont senti les effets, qui ait un peu ralenti leur ardeur naturelle.
Je suis, etc.
12. AU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Breslau, 9 janvier 1759.
Je ne suis pas aussi riche que vous le pensez, mon cher ami; mais, à force d'industrie et de ressources, j'ai trouvé mes fonds pour la campagne prochaine, de manière que tout sera exactement payé d'ici à la fin de février. J'ai partagé avec vous et une couple d'amis ce qui restait à ma disposition; ainsi vous devez plutôt me comparer au pauvre Irus qu'à l'opulent Crésus.
Je vous remercie de votre réponse aux Réflexions militaires que je vous ai envoyées. Je pense comme vous; mais il ne faut sonner mot de tout ceci.
Les Turcs remuent; ils ne resteront pas longtemps les bras croisés. Le roi d'Espagne est mourant. Voilà de l'occupation pour ces lâches conjurés qui travaillent à me nuire.
Si les gens qui ne portent point de chapeaux se tournent vers les barbares, toute cette horde disparaîtra, et la Suède quittera par conséquent la partie; s'ils se tournent vers nos insolents voisins, ils ne pourront pas s'opposer vigoureusement à moi et aux circoncis en<134> même temps; et si par-dessus tout cela le roi d'Espagne meurt, la guerre s'allumera aussitôt en Italie, et nos fous et étourdis compatriotes seront obligés de se brouiller avec leurs insolents et fiers tyrans.
Tout cela empêche de former à présent un plan d'opérations. Il faut que le temps nous révèle ce qui doit arriver, et que l'on voie les mesures que prendront nos ennemis; alors on pourra se déterminer sur ce qu'il sera convenable de faire. Adieu, mon cher ami; je vous souhaite santé et prospérité dans cette nouvelle année. Je vous embrasse de tout mon cœur, en vous assurant de ma tendresse et de mon estime, qui ne finiront qu'avec ma vie.
13. AU MÊME.
Freyberg, 22 avril 1760.
La prévôté de l'église cathédrale de Brandebourg se trouvant vacante et à ma disposition par la mort du feu prince Maurice d'Anhalt, je profite de cette occasion pour vous témoigner à quel point je suis satisfait de votre zèle et de votre attachement inaltérable pour mon service. Voilà le motif qui me porte à vous conférer le bénéfice en question, avec tous les droits et revenus qui s'y trouvent attachés; en conséquence de quoi j'ai donné les ordres nécessaires au ministre d'État le baron de Danckelman.
Mais, comme il y a encore un article à régler au sujet d'un capital de douze mille écus que le feu roi mon père a assuré audit prince Maurice sur le fonds de ce bénéfice pour être restitué par son successeur aux héritiers, comme il y fut obligé lui-même par rapport aux héritiers de Grumbkow quand ledit bénéfice lui fut dévolu, il<135> faudra que vous régliez préalablement cet article avec les héritiers du prince, d'autant plus que le capital mentionné sera également assuré à vos héritiers futurs, comme vous aurez occasion de vous en convaincre par mon ordre émané à ce sujet au ministre d'État de Danckelman.
Je souhaite sincèrement vous voir jouir de ce bénéfice au moins autant d'années que le feu maréchal de Grumbkow en a joui. Sur ce, etc.
14. DU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Löwenberg, 27 avril 1760.
Sire,
Il semble, Sire, que vous ayez pris à tâche de me rendre opulemment riche malgré le peu de penchant que j'y porte, et, pour comble d'embarras, vous me faites ecclésiastique. Je m'acquitterai aussi mal des fonctions de cette charge que du rôle d'Arbate,135-a si je dois y officier. Cependant je m'en console; pourvu que j'aie la satisfaction de remplir vos idées pendant la guerre, et que vous y soyez heureux, Sire, j'y sacrifierais volontiers le prévôt, le chapitre, et ma vie. Je suis, etc.
Je ne suis nullement embarrassé pour la restitution des douze mille écus, Sire; vous y avez trop bien pourvu.
<136>15. AN DEN BARON VON L. M. FOUQUÉ.
Berlin, den 20. April 1763.
Mein lieber General von der Infanterie von Fouqué.136-a Den Einhalt Eures Schreibens vom 15. dieses habe Ich mit vieler Zufriedenheit ersehen, und wird solche dadurch noch mehr vergrössert werden, wann Ihr jetzo nur, wie Ich wünsche und verlange, alle Sorgfalt vor die Retablirung Eurer Gesundheit und deren völligen Herstellung haben werdet, damit Ich das Vergnügen haben kann gegen Euch darzuthun, wie Ich bin Euer wohl affectionirter König.
136-bRemettez votre santé, mon cher; votre ancien ami réparera toutes les brèches de votre fortune.
16. AU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Magdebourg, 20 juin (1763).
Je viendrai ce soir, mon cher ami, coucher chez vous136-c sans façon; vous ne le trouverez pas mauvais. Adieu; à revoir.
<137>17. AU MÊME.
(Sans-Souci) 21 juillet 1763.
Je vous envoie, mon cher ami, ce service si longtemps attendu, qui est enfin fini. Je souhaite que vous vous en serviez de longues années à votre grand contentement.
Mandez-moi, je vous prie, comme va votre santé; j'ai grande envie de vous envoyer Cothenius,137-a pour que vous vous serviez de vrais remèdes, et non de drogues qui ne vous font rien. J'attends sur cela votre réponse, en vous assurant de ma sincère et parfaite amitié. Adieu.
18. DU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Brandebourg, 25 juillet 1763.
Sire,
Je n'ai rien perdu pour avoir attendu. Bien loin de là, vos bontés, vos bienfaits, joints à la beauté et à la magnificence du service d'argent que V. M. vient de m'envoyer, surpassent de beaucoup mon attente.
Cent fois je fais réflexion et me dis : Pourquoi et par quel motif ce grand homme roi, ce cher et digne prince me comble-t-il de tant de grâces, et, plus que tout cela, m'honore-t-il depuis plus de trente ans d'une constante amitié?137-b Pardonnez l'expression, Sire, mais je<138> n'en connais point de plus précieuse ni de plus glorieuse pour moi. Mon amour-propre s'en trouve trop flatté. Enfin je m'y perds, et n'y trouve aucune raison à m'en attribuer les acquis; car, Sire, avec toute la science que possède V. M. du caractère des hommes, vous ne sauriez pénétrer les replis de mon cœur, ce qui seul néanmoins pourrait me consoler et tenir lieu de quelque chose, ne pouvant d'ailleurs vous prouver la réalité de mes sentiments.
Ma santé est bonne, Sire, puisque je ne sens aucun mal; je dors passablement bien, l'appétit est de même, grâce au chocolat et au quinquina de V. M., auxquels je l'attribue. C'est là le bon côté. Celui qui lui est opposé, ce sont les jambes, les hanches, la poitrine et la voix, que la moindre agitation met hors d'œuvre.
Je ne suis plus bon à rien, et rien ne m'est plus convenable que la vie de chanoine et le repos; ajoutez pour combler vos grâces, Sire, celle de m'en faire jouir pour le reste de mes jours. Je chanterai des horas à votre gloire et pour la prospérité de votre incomparable personne jusqu'au dernier instant de ma vie. Je suis, etc.
19. AU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
(Sans-Souci) 30 juillet 1763.
Si ce que je vous ai envoyé vous a été agréable, c'était ce que j'avais le plus souhaité; c'était le but, mon cher, que je m'étais proposé.
Vous vous étonnez que je vous aime. Vous devriez plutôt vous étonner si je n'aimais pas un officier de réputation, honnête homme, et de plus mon ancien ami.
Je voudrais que votre santé se remît tout à fait, et je vous avoue<139> que je ne perds point encore l'espérance. Il faut que vous vous soigniez, que vous preniez vos aises, et que la tranquillité, le quinquina et les herbes vous rendent vos forces.
Vous resterez à Brandebourg tant que vous voudrez; cependant vous me rendrez visite quelquefois. Il n'y a pas loin, et, quand je saurai que vous voudrez venir, je vous enverrai mes chevaux à moitié chemin.
Adieu, mon cher ami; je suis à vous de cœur et d'âme.
J'ai ici ma sœur de Schwedt139-a et toute sa famille.
20. AU MÊME.
(4 octobre 1763.)
Je vous envoie, mon cher ami, un grand verre que j'ai encore trouvé à Berlin de la succession de mon père. Je souhaite qu'il vous amuse un moment.
Je n'entends plus parler de vous que par des étrangers qui passent par Brandebourg. M'avez-vous oublié, ou me ferez-vous le plaisir de me venir voir quand cela ne vous incommodera pas?
Adieu, mon cher; je vous embrasse.
<140>21. DU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Brandebourg, 6 octobre 1763.
Sire,
J'ai des défauts que je connais sans pouvoir m'en corriger; mais le vice de l'ingratitude m'est inconnu. Jugez donc, Sire, si je puis oublier mon auguste bienfaiteur. Non, je ne crois pas qu'il se passe une heure du jour où je ne pense avec toute la sensibilité possible à la reconnaissance que je dois à V. M.
Je vous rends grâces, Sire, du beau verre que vous m'avez envoyé; il ornera mon buffet avec ceux que j'ai encore trouvés à Glatz.
Le froid, que je préférais autrefois à la chaleur, ne me convient plus. Je suis travaillé depuis trois jours d'une colique pour m'être promené au vent et avoir pris quelques fruits. Je bouche et calfeutre tous les trous de ma maison pour m'en garantir; je condamne des portes et des cheminées, afin que V. M. ne soit plus exposée aux vents coulis dans la chambre où elle a logé, si jamais elle vient à passer par Brandebourg. Je vous demande grâce et dispense, Sire, pendant le froid. Je suis, etc.
22. AU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
(2 décembre 1763.)
Je vous envoie, mon cher ami, du café turc qu'un mamamouchi140-a m'a donné.140-b Vous m'oublieriez tout à fait, si je ne vous faisais res<141>souvenir de moi. J'en aurai bientôt une nouvelle occasion que je saisirai avec empressement.
Adieu, mon cher ami; conservez-moi une petite place dans votre cœur.
23. DU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Brandebourg, 6 décembre 1763.
Grand Dieu! quel homme nous as-tu donné? Le gouvernement de ses États, celui de ses armées, son commerce turc, ses palais et mille autres soins, la conduite de l'Europe, l'Asie à sa disposition, tout cela n'est rien, et ne saurait suffire à ses occupations; il faut qu'il m'envoie du café. Que ne pouvez-vous régir le monde tout entier, et ne prendre jamais fin! Je suis, etc.
24. AU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Berlin, 16 (décembre 1763).
Il y a, mon cher ami, une assignation de cinq mille écus pour vous chez Buchholtz, caissier de la Hofstaats-Kasse, que vous pouvez tirer quand vous le jugerez à propos. Cela servira pour payer une partie de ce que vous devez au prince Maurice pour le dôme de Brandebourg. Bonne santé, mon cher, soignez-vous bien, pour que j'aie le plaisir de vous revoir à Sans-Souci. Adieu, mon cher; je vous embrasse.
<142>25. DU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Brandebourg, 22 décembre 1763.
Sire,
Le prince Maurice et ses héritiers sont acquittés il y a longtemps. C'est prodiguer vos trésors que de vouloir m'en faire part. Vos grâces m'ont mis en possession d'un bien plus que suffisant pour vivre honorablement. Permettez, Sire, que je vous en fasse le détail. J'ai dix-neuf mille écus placés à la Landschaft, à Berlin, etc., etc., et, pour surcroît d'embarras, cinq mille écus comptant, dont je ne puis faire usage, si V. M. n'a la grâce de les faire placer à ladite Landschaft, et d'alléger mon fardeau au lieu de le surcharger. De plus, Sire, vous m'avez meublé en prince. Tout cela, et bien au delà, en comptant ce que le diable tient dans ses griffes, j'entends les Autrichiens, sont les effets de vos bontés non méritées.
Ne vous fâchez pas, Sire, si je vous prie de mettre des bornes à vos présents pécuniaires et d'être persuadé que les assurances que V. M. me donne de sa précieuse amitié, et même son sac de café m'est infiniment préférable à tous les milliers d'or et d'argent qu'elle pourrait m'offrir. Je suis inviolablement, etc.
26. AU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Le 10 avril 1764.
Je reviens, mon cher ami, de la Silésie et de Glatz, où j'ai tout trouvé mieux que je ne m'y étais attendu.
<143>J'ai trouvé ici de la porcelaine que je vous envoie pour vous faire souvenir de moi, en attendant que je puisse vous envoyer de la porcelaine de ma manufacture de Berlin.
Ceux qui vous ont vu m'ont dit que vous aviez bon visage, mais que vous étiez faible. J'ai encore quelque vin du Rhin de l'année 1684; si vous en voulez, mandez-le-moi, il sera à votre service. Il y a encore aussi du vieux vin de Hongrie. Vous n'avez qu'à dire un mot, et vous l'aurez.
Mandez-moi quand vous voudrez venir me voir, car je n'y renonce pas.
Nous exerçons à présent de corps et d'âme, pour remettre nos affaires en bon train. Cela commence à reprendre, et je vous avoue que j'ai du plaisir à voir reformer de nouveau cette armée que j'ai connue si bonne autrefois, que j'ai vu ruiner par des guerres sanglantes, et qui, comme un phénix, renaît de ses cendres.
Adieu, mon bon et cher ami. Je vous aime de tout mon cœur; soyez-en persuadé, ainsi que de l'estime que j'ai pour vous.
27. DU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Brandebourg, 12 avril 1764.
Sire,
Je prends toute la part imaginable au contentement que le voyage de Silésie vient de donner à V. M., ce qui n'est uniquement dû qu'à la conduite que vous y avez tenue pendant la guerre et aux bons arrangements pris depuis la paix. Une ou deux récoltes comme la précédente raccommoderont le pays, et le monde y repeuplera comme le grain.
<144>Mon opinion sur le sujet de votre armée, Sire, est qu'une couple d'années la remettra non seulement sur un bon pied, mais qu'elle surpassera même par sa valeur intrinsèque celle des premières campagnes, puisque nous étions tous apprentis et dans le noviciat, au lieu que les trois quarts de l'armée d'à présent ont fait la guerre, et que vous y avez formé autant d'officiers.
Je suis pénétré, Sire, de votre gracieux souvenir et du présent de la porcelaine, que je trouve infiniment belle. Je souhaite que la fabrique de Berlin y réponde, ne pouvant m'imaginer qu'elle puisse la surpasser.
Ceux qui vous ont accusé l'état de ma santé en ont fort bien jugé. J'ai bonne apparence à table et assis; mais il me semble que le corps, les jambes et la voix s'affaiblissent de plus en plus. J'ai dessein de prendre le petit-lait et les herbes vertes le 10 ou 15 de mai, pendant trois semaines. Disposez de moi, Sire; décidez si je dois jouir du bonheur de me mettre à vos pieds avant ou après ma cure, ou aux dépens du petit-lait même.
Puisqu'il faut opter pour les vieilles drogues, je crois devoir donner à l'oxycrat ancien du Rhin la préférence à l'hypocras de Hongrie. Je suis, etc.
28. AU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Le 18 avril 1764.
Je vous envoie, mon cher ami, du vin vinaigre du Rhin, comme vous me l'avez demandé. Je souhaite qu'il vous donne des forces et rétablisse votre santé. Je ne troublerai point l'usage de votre petit-lait, car je suppose que notre exercice et tout cet attirail militaire ne<145> vous touche plus. Je compte vous venir voir en allant à la revue de Magdebourg; à mon retour, je m'en retournerai tranquillement habiter Sans-Souci. Si alors vous voulez venir chez moi, vous me ferez plaisir; nous serons seuls, sans monde, et vous ne serez gêné par rien.
Ne me parlez pas avec mépris de ma fabrique de porcelaine; elle est plus belle que celle de Meissen. Mais la maison ne sera tout à fait achevée qu'au mois de septembre, avec les douze fours que je fais bâtir, ce qui empêche encore qu'on ne travaille dans le grand. Cependant on fait déjà des choses plus belles que jamais on n'en a imaginé à Meissen. Je vous en donnerai des essais en passant par chez vous, et dès l'automne nous aurons des services et tout ce qu'on voudra.
Adieu, mon cher ami; n'oubliez pas les absents, et surtout moi, qui vous aime tendrement.
29. AU MÊME.
Le 21 avril 1764.
Après que vous avez insulté à ma manufacture de porcelaine, il faut, mon cher, que je la justifie. Je vous envoie un déjeuner aussi beau que ce que jamais on a travaillé à Meissen, et vous recevrez en même temps une tasse peinte en figures, qui vous convaincra que notre ouvrage vaut au moins celui de Saxe.
Nous nous occupons ici à tirer notre poudre aux moineaux. Le temps est froid, mais cela n'empêche pas que nous n'allions notre chemin.
<146>Adieu, mon cher; je vous souhaite bonne santé, contentement et vie.
30. DU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Brandebourg, 22 avril 1764.
Sire,
Rien n'est plus humiliant que d'être réduit à la nécessité de se rétracter. Cependant, quoi qu'il en coûte, je me sens assez au-dessus de cette mauvaise honte, d'autant plus que, étant naturellement porté pour la sincérité et le vrai, ce caractère m'oblige donc à reconnaître mon erreur, en me déclarant en faveur de la fabrique de porcelaine de V. M., tant pour le relief de l'ouvrage que la vivacité des couleurs du service à thé, qui l'emporte sur ce que j'ai vu de celle de Saxe. Pour ce qui est de la tasse mosaïque, je m'imagine y trouver le pinceau de Watteau, tant elle est ravissante.
Vous avez, Sire, un talent bien particulier, puisque, au lieu de punir la témérité de mes doutes, je m'en trouve récompensé par ce beau présent. Si ce n'était la crainte d'être puni une seconde fois, je m'aviserais encore d'une autre réflexion, savoir, si les experts de votre fabrique n'auront pas le sort de ces machinistes dont les modèles ne réussissent qu'en petit.
Vous ajoutez sans doute, Sire, une demi-année au cours de ma vie par l'envoi de l'oxycrat, dont je me servirai comme de remède. Je suis pénétré de tant de bienfaits, et ce qui me mortifie le plus, c'est le défaut de vous en pouvoir prouver ma reconnaissance et de témoigner à V. M. la réalité du zèle, de l'attachement et de la fidélité que j'ai pour sa personne.
<147>Vivez, Sire, pour le bien de l'État et votre gloire. Exercez, manœuvrez, et vous fâchez un peu quelquefois; tout cela contribue à votre santé, selon le système de feu le vieux routier.147-a Je suis, etc.
P. S. Vous serez très-bien venu chez vous à Brandebourg, Sire, et vous y trouverez à midi le pot-au-feu d'un réfugié.
31. AU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Le 27 avril 1764.
Je suis charmé de l'aveu que vous me faites, mon cher ami, de la bonté de ma porcelaine. Nous attendons que le grand bâtiment soit achevé pour travailler en grand. Cela ne peut avoir lieu qu'à la Pentecôte; alors il faut établir les dix grands fours pour la cuisson de la porcelaine, de sorte que l'ouvrage ne pourra être véritablement en train que vers le milieu de septembre. On a déjà fait de grandes pièces dans les deux fourneaux que nous avons, qui ont fort bien réussi; mais nous avons des commissions pour la Russie et la Hollande, auxquelles on travaille incessamment pour les expédier. J'entretiens actuellement cinq cent sept personnes à cet ouvrage. Il n'y a que les fours qui nous arrêtent; mais au mois de septembre cet obstacle sera levé.
Vous vous imaginez, mon cher, que je suis encore aussi vif qu'autrefois; mais vous vous trompez. J'ai mis de l'eau dans mon vin, et je corrige à la vérité ce qu'il y a de défectueux dans la partie de l'exercice, mais sans sortir de mon assiette ordinaire. Ce qui<148> regarde le commun soldat sera l'année prochaine en ordre aussi bien qu'avant la guerre. Pour ce qui regarde l'officier, c'est où porte ma plus grande attention; pour qu'ils deviennent ensuite vigilants dans le service, et qu'ils se forment le jugement, je leur fais enseigner la fortification, et avec cela on tâche de les obliger à raisonner sur tout ce qu'ils ont à faire. Vous comprenez bien que cette méthode ne saurait réussir en général; mais dans le grand nombre nous formerons des sujets et des officiers qui ne seront pas généraux par brevet, et qui en auront vraiment les qualités.
Adieu, mon cher ami; je vous manderai quand je pourrai venir à Brandebourg. Je vous embrasse de tout mon cœur.
32. AU MÊME.
Le 1er juin 1764.
Si je ne vous écris pas moi-même, mon cher ami, c'est que j'ai la goutte à la main gauche. Vous direz peut-être que je pourrais bien conduire la plume de la main droite; mais le papier m'échapperait, et je ne veux pas fatiguer vos yeux d'un griffonnage de chat. Cet accident, qui m'est venu fort mal à propos, m'a empêché de voir les régiments de la Poméranie et de la Nouvelle-Marche, et m'a obligé de différer de deux jours la revue des régiments de Magdebourg.
J'irai sans façon chez vous, comme un ancien ami, en passant par Brandebourg. J'y serai le 4 à midi. Je n'amène avec moi qu'un seul ami,148-a bien digne de votre amitié et de votre estime; ainsi nous ne serons que nous trois, si vous le trouvez bon. Il ne faut que peu de<149> chose pour me nourrir; je ne vous demande qu'une bonne soupe et un plat d'épinards, bon visage d'hôte, et de vous trouver en bonne santé. Ce dernier article est de tous celui que je vous recommande le plus.
Adieu, mon cher ami; j'espère vous assurer alors de toute mon estime.
33. DU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Brandebourg, 16 septembre 1764.
Sire,
Un proverbe dit que les choses qui coûtent de la peine produisent des effets d'autant plus agréables. Cela étant, j'ai lieu de croire que V. M., après avoir parcouru en chevauchant les Alpes de la Silésie, doit être très-satisfaite de son voyage. Je le souhaite, Sire, et juge avec fondement que vous ne ferez jamais le tour de vos contrées sans vous rappeler la peine que vous a coûtée la gloire de leur conquête. Jouissez du repos, Sire, s'il en est pour vous, que Sans-Souci vous présente avec ses fruits excellents, et agréez mes actions de grâces pour la part dont vos Krutisch149-a m'ont pourvu pendant votre absence. Portez-vous bien, Sire, et prospérez en toutes vos entreprises. Je suis, etc.
<150>34. AU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Le 16 septembre 1764.
Je suis très-sensible aux sentiments d'attachement que vous avez bien voulu me renouveler par votre lettre d'aujourd'hui, à l'occasion du voyage que j'ai heureusement fait en Silésie. J'y ai trouvé les choses en assez bon état, et ne suis fâché que d'y avoir vu votre beau-fils150-a dans un état des plus malingres, qui donne tout lieu d'appréhender qu'il cessera bientôt de vivre. Sur ce, je prie Dieu, etc.
P. S. Me voici de retour, mon cher. Je puis dire de mon voyage économique et militaire que, si je n'ai pas trouvé tout également bien, du moins tout est passable.
35. AU MÊME.
Le 19 octobre 1764.
J'ai reçu, mon cher ami, le pâté du Périgord de Brandebourg.150-b Je l'ai gardé pour apprendre si vous en voulez prendre votre part. Je suis tout seul; si le voyage ne vous incommode pas, ou si d'autres raisons ne vous retiennent, il dépendra de vous de rendre une petite visite à votre ami.
<151>Le pauvre Nimschöffsky, qui était un bon et digne officier, vient de décéder. J'en suis fâché, mais bientôt nous irons le rejoindre dans ce pays d'où personne ne revient.
Nous avons fait des manœuvres qui ont réussi tant bien que mal. Les officiers de l'état-major ne sont pas encore reformés; il faut encore quelques années pour remonter cette machine sur le pied précédent. Cependant je me fais vieux, et je devrais plutôt penser à graisser ma voiture pour le grand voyage qu'à manœuvrer avec des troupes que, selon toutes les apparences, je ne mènerai plus à l'ennemi.
Adieu, mon cher; bonne santé, contentement et bonne humeur, voilà ce que je vous souhaite bien cordialement.
36. DU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Brandebourg, 22 octobre 1764.
Sire,
Le retour de mon domestique m'aurait averti trop tard de l'honneur que V. M. me destinait à midi, si d'ailleurs je n'eusse été empêché de m'y rendre par des incommodités hémorroïdales dont je ne fais que me remettre. Les ordres gracieux de V. M. me permettent de lui alléguer ces raisons. Je la supplie d'accorder pendant cette saison le repos et la chaleur convenable à mon état valétudinaire, pour mettre, s'il se peut, quelque intervalle à la suite du colonel Nimschöffsky, en qui vous avez perdu un très-digne et bon officier; non que je craigne la mort, mais je serais assez d'accord de jouir quelque temps de la tranquillité et de la douceur que vos bontés procurent à ma vie. Ce qui en redouble l'agrément, c'est de vous savoir bien portant, Sire. Je l'attribue aux promenades journalières de V. M.
<152>Puissiez-vous enfiler vos allées, bâtir cinquante années de suite des colonnades et des palais, puis voiturer avec le char d'Élie droit au paradis. Je suis, etc.
37. AU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Le 26 octobre 1764.
Demeurez, mon cher ami, au coin de votre foyer, parce que la chaleur vous est salutaire. Conservez-vous, c'est votre premier devoir; et puis, si vous n'avez rien de mieux à faire, pensez quelquefois à votre ami absent.
Je conçois que la perte que vous venez de faire vous doit être sensible; votre gendre était jeune, il avait échappé à tous les dangers d'une guerre meurtrière, et puis il s'en va mourir dans le moment qu'il devait recueillir les récompenses de ses services. Cela est cruel; mais il faut dire comme cette femme lacédémonienne qui, apprenant que son fils avait été tué à la bataille de Marathon, dit : « Je savais, en le mettant au monde, qu'il n'était pas immortel. » Un peu plus tôt, un peu plus tard, il faut en venir là; tel a été le sort des races précédentes, et tel sera le nôtre. Cependant, tandis qu'on est dans le monde, il est juste d'en profiter quand on le peut, et d'en prendre les douceurs, qui servent d'antidote aux amertumes dont la vie de tous les hommes est empoisonnée.
Je vous remercie de vos truffes de Magdebourg. Noël152-a en fait un pâté, et, comme vous n'avez pas pu goûter le vôtre, je vous enverrai le mien.
<153>Adieu, mon cher ami; portez-vous bien, bannissez la tristesse de votre esprit, et conservez-moi un ami pour qui mon estime ne cessera qu'avec ma vie.
38. AU MÊME.
Le 19 décembre 1764.
Je vous envoie, mon cher ami, une petite marque de souvenir. Je vous destinais un service de table et des vases; mais nous ne pouvons avoir ces choses qu'au mois de mars, où toute la fabrique sera montée et en état de fournir ce qu'on voudra.
Portez-vous bien, mon cher, et n'oubliez pas vos vieux amis. Adieu.
39. DU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Brandebourg, 24 décembre 1764.
Sire,
Quoique la réception de votre belle porcelaine me cause beaucoup de joie, cette joie ne saurait néanmoins surpasser celle que je ressens de la satisfaction que vous doit donner la réussite de cette fabrique, puisque c'est votre production et votre ouvrage, qui répond à tout le reste de vos entreprises. Je vous en félicite, Sire, et ne doute pas que ce grand et bel établissement ne parvienne bientôt à sa dernière perfection.
Agréez, Sire, les vœux sincères de mon cœur pour le renouvellement d'année et la conservation de votre santé. Je suis, etc.
<154>40. AU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Le 10 février 1765.
Je vous envoie, mon cher ami, un fragment de pâté du Périgord véritable, avec des truffes qui viennent de ce pays-là. Je souhaite qu'il vous ragoûte, et que cette occasion me procure des nouvelles de votre santé, car, quoique voisin, je n'apprends pas le mot de ce qui vous regarde, bien que personne ne s'y intéresse plus que votre ancien et fidèle ami.
41. DU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Brandebourg, 11 février 1765.
Sire,
Je suis très-sensible à la bonté de votre gracieux souvenir, et me réjouis fort de vous savoir dans votre repos. Il paraît très-convenable, Sire, d'en prendre de temps en temps à votre âge pour faire vie qui dure. La différence de l'original du pâté du Périgord à la copie de Brandebourg me paraît très-remarquable. Je dois la même justice à celui de Sans-Souci, et trouve, selon mon goût, que l'assaisonnement de sire Noël l'emporte sur l'original même.
Ma santé est fort journalière; je ne sors de mon enclos que pour me rendre au temple, y porter mes vœux pour la prospérité de V. M., et puis de temps en temps pour déterrer un blaireau. D'ailleurs, je vis dans la retraite, et ne vois chez moi que quelques officiers de la garnison, mes collègues et ma fille, qui depuis peu de temps est revenue s'établir à Brandebourg avec ses deux enfants, Henriette et<155> Wilhelmine de Nimschöffsky, dont le défunt m'a nommé tuteur. C'est dans cette qualité, Sire, que j'ose supplier V. M. de vouloir leur accorder la grâce de trouver un jour place au chapitre de Halle. Je suis, etc.
42. AU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Le 11 mars 1765.
Je reviens de Berlin, mon cher ami. J'ai été à ma fabrique de porcelaine, j'y ai trouvé deux vases et une jatte à bouillon; j'ai cru que cela pourrait vous faire plaisir, et je vous les envoie. Les grandes garnitures des cheminées ne sont point achevées; on travaille aux formes, et dans six semaines au plus tard on pourra avoir de tout ce qu'on voudra. Je ne vous oublierai pas, mon cher, dès que je trouverai quelque chose digne d'orner votre retraite.
Adieu, mon cher ami; mandez-moi comment vous vous portez.
43. DU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Brandebourg, 15 mars 1765.
Sire,
Je ne crois pas qu'un enfant puisse ressentir plus de joie aux étrennes que j'en ai eu à la réception de vos vases et de la jatte. Je les trouve d'une beauté achevée, tant pour la blancheur de la porcelaine que<156> pour le goût et les couleurs. Je suis convaincu que ni le Japon ni l'Europe n'ont rien produit de semblable, ni en si peu de temps. Il ne me reste plus, Sire, que le désir de pouvoir reconnaître dignement toutes les grâces dont V. M. daigne me combler.
Ma santé est passable. La voix s'affaiblit de plus en plus; il y a des jours où j'ai peine à me faire entendre. Je suis, etc.
44. AU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Le 25 avril 1765.
Mon cher ami, j'ai eu depuis cinq semaines la goutte et les hémorroïdes d'une façon plus violente que je ne les ai eues jamais; et, comme le mal est passé, et que je commence à me remettre à présent, je n'ai rien de plus pressé que de vous donner de mes nouvelles. Je souhaite d'en apprendre de bonnes de votre part, et que votre santé aille en augmentant. J'espère, mon cher, que ce que je vous en écris ne vous sera pas désagréable, et que votre réponse me tranquillisera sur l'état de votre santé.
Adieu, mon cher; je vous embrasse de tout mon cœur, et j'espère que vous ne serez pas fâché si je viens chez vous en allant à Magdebourg.
<157>45. DU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Brandebourg, 28 avril 1765.
Sire,
Je suis au comble de la joie, Sire, de vous savoir mieux portant, et je rends mes très-humbles actions de grâces à V. M. de la consolante nouvelle qu'elle vient de m'en donner. Il m'a paru être présent aux violentes douleurs de votre goutte, Sire, jusqu'à m'en faire grincer des dents, ce qui apparemment a augmenté en même temps les souffrances d'une enflure à mes deux jambes dont je suis incommodé depuis quelques semaines. Je commence à me remettre par le moyen du petit-lait. Mais votre santé, Sire, me tient plus à cœur que la mienne, et j'ose supplier V. M. de faire tout son possible pour vous donner, durant la belle saison, le temps de reprendre vos forces.
Vous serez le bienvenu chez vous à Brandebourg; je me trouverai trop heureux et honoré dans mon refuge de pouvoir vous présenter le pot-au-feu. Je suis, etc.
46. AU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Le 6 juin 1765.
Je serai le 9 à midi chez vous, mon cher ami. Je viens tout seul; cela n'exige ni festin, ni dépense. Le pot-au-feu, pris à la lettre, est suffisant. Je souhaite de vous y voir en bonne santé, gai et de bonne humeur.
<158>Ici, à la revue, il y a eu du haut et du bas. Ce n'est ni comme à Berlin, ni comme à Stettin; mais il faut que cela vienne. Adieu, mon cher ami; je vous embrasse tendrement.
47. AU MÊME.
Le 26 juin 1765.
Je vous envoie, mon cher ami, quelques fruits de Sans-Souci; j'ai encore quelque chose pour vous, que je voudrais vous donner à vous-même. La cour de Brunswic vient ou arrive ici le 10 du mois prochain. Voilà le temps, mon cher, dont je puis disposer; c'est à vous de choisir le vôtre. Adieu, mon cher ami; je vous embrasse.
48. DU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Brandebourg, 27 juin 1765.
Sire,
Depuis l'existence de Brandebourg, on n'y a point vu paraître, selon toute apparence, dans la saison présente les différentes sortes de fruits que V. M. vient de m'envoyer. Vous y ajoutez, Sire, l'ordre de venir en cueillir moi-même, et je n'y manquerai sûrement pas.
Le sieur Cothenius m'ayant mis aux bains depuis quinze jours, ce qui ne laisse pas de me soulager, je supplie V. M. d'en permettre la continuation jusqu'à samedi prochain, afin que j'aie, le dimanche<159> suivant, le bonheur de me mettre à ses pieds et de lui témoigner que je suis, etc.
49. AU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Le 16 septembre 1765.
Je reviens de Silésie, mon cher ami. Les eaux de Landeck m'ont rendu l'usage des jambes, et à présent il ne me paraît presque pas que j'aie eu la goutte.159-a
J'ai vu votre régiment mieux en ordre que jamais. Luck159-b est un très-bon officier, et qui sert par honneur et par ambition.
Je souhaite que mon jardinier vous ait bien servi durant mon absence. C'est à moi maintenant à être votre pourvoyeur et à fournir votre ménage de fruit et de ce qui peut vous être agréable; mais j'exige que vous me donniez des nouvelles de votre santé, pour que je sois tranquille sur le sujet de mon bon vieil ami, que j'aimerai jusqu'au tombeau. Adieu.
50. DU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Brandebourg, 16 septembre 1765.
Sire,
La confirmation que je viens de recevoir de Votre Majesté du bon effet que les eaux de Landeck lui ont procuré me donne une joie<160> extrême. Votre contentement, Sire, fait le mien et mon unique consolation. Je ne cesserai jamais de faire les vœux les plus sincères pour la santé de V. M.
Je ressens toute la satisfaction possible, Sire, de ce que vous avez trouvé mon régiment en bon ordre. Le lieutenant-colonel Luck m'a marqué avec bien de la joie les marques réelles que V. M. lui a données de sa gracieuse approbation, ce qui doit l'engager à faire de plus en plus paraître son zèle pour votre service.
Vous m'ordonnez, Sire, de vous donner de mes nouvelles. J'ai eu depuis près de quatre semaines des douleurs de sciatique; je me suis avisé de me servir du baume de la Mecque, dont j'avais environ quinze ou dix-huit gouttes que j'ai prises en autant de jours. Je m'en trouve plus dispos et beaucoup soulagé.
Je vous rends grâces, Sire, de vos excellents fruits, et suis, etc.
51. AU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Le 18 septembre 1765.
Heureusement, mon cher ami, il m'est encore resté un flacon de baume de la Mecque, que l'effendi m'a donné. Je vous l'envoie avec le plus grand plaisir du monde, et j'y ajoute mille vœux pour que ce baume vous fasse tout le bien imaginable. Portez-vous bien, et n'oubliez pas le plus fidèle et le plus ancien de vos amis.
<161>52. DU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Brandebourg, 19 septembre 1765.
Sire,
On vient de me rendre le flacon de baume de la Mecque que Votre Majesté me fait la grâce de m'envoyer. Jamais prince au monde n'a pris plus de soins pour son serviteur que V. M. pour ma santé. Ce qui vous distingue, Sire, des autres princes, c'est que vous faites tant de bien à un homme qui ne peut par le moindre service vous en témoigner sa reconnaissance. Quel sort, Sire, de ne pouvoir répondre à tant de bontés que par les sentiments de l'attachement inviolable et de la fidélité avec laquelle je serai jusqu'au dernier moment de ma vie, etc.
53. AU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Le 31 décembre 1765.
Bon jour et bon an, mon cher ami. Je vous envoie un présent de vieillard à vieillard : une chaise commode que vous pouvez trousser et baisser selon votre fantaisie, du vrai baume de la Mecque pour restaurer vos forces, et des breloques de ma manufacture de porcelaine pour vous amuser. Quand je vous verrai, l'été, à Potsdam, je vous ferai quelque galanterie plus solide. En attendant, je fais, mon cher ami, des vœux pour votre santé, vous assurant que personne n'y prend plus de part que votre ancien et fidèle ami.
<162>54. DU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Brandebourg, 3 janvier 1766.
Sire,
Votre Majesté ne m'aurait jamais prévenu sur le compliment de la nouvelle année, si ce n'était qu'un effet d'attention et de discrétion ne m'en eût empêché; d'ailleurs je suis persuadé, Sire, que, de tous les compliments que vous recevez à cette occasion, il n'y en a certainement pas qui puissent surpasser la sincérité des sentiments de mon cœur pour votre gloire et bien-être.
Je vous remercie, Sire, des belles et bonnes étrennes que vous avez la grâce de m'envoyer, et félicite V. M. de la satisfaction que lui doit donner la réussite de sa porcelaine, d'autant plus que, étant la dernière en date, elle l'emporte en beauté sur toutes les autres. Je ferai bon usage du fauteuil, et m'y dorloterai de mon mieux. Le premier envoi de baume de la Mecque de V. M. m'ayant donné quelque force, guéri des crampes et de la sciatique, j'ai lieu d'espérer que le second volume achèvera le reste, excepté la respiration et la voix, qui semblent diminuer de plus en plus. Je suis, etc.
55. AU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Le 9 janvier 1766.
Je suis charmé, mon cher ami, que les bagatelles que je vous ai envoyées vous aient été agréables. C'est le dernier flacon de baume de la Mecque qui me restait. J'ai fait écrire à Constantinople, pour en tenir en réserve, si vous en souhaitez.
<163>Notre carnaval ressemble aux jours ouvriers à Brandebourg; il n'y a ni spectacle ni rien, à cause d'un deuil de famille qui m'afflige sensiblement.163-a Je me suis relâché pour les derniers quinze jours en faveur de notre jeunesse, qui n'est guère sensible à la tristesse des autres.
Votre ferme de tabac163-b avance bien, et je me flatte que vous aurez lieu d'en être content.
Adieu, mon cher ami; soignez bien votre santé, et comptez toujours sur mon cœur, qui sera à vous à l'avenir comme durant le passé.
56. DU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Brandebourg, 9 janvier 1766.
Sire,
Je suis pénétré de toutes les bontés que vous me témoignez, au point que je ne puis en rendre les remercîments convenables, tant par rapport aux soins que V. M. prend de ma santé que pour celui qu'elle prend de mes intérêts. Ce dernier point m'engage à lui demander une nouvelle grâce. Sire, la voici. J'ai perdu à la prise de Glatz toutes mes obligations; il y en avait pour dix-huit mille cinq cents écus de votre Landschaft de Berlin, dont je joins ici la note. Je sup<164>plie V. M., pour la sûreté de ma famille, de vouloir m'en accorder de conformes aux premières, qui étaient soussignées de sa main.
Nous sommes autorisés, tant par la raison que par l'usage, de modérer le chagrin aussi bien que la joie. Conséquemment, Sire, V. M. peut sans scrupule jouir du carnaval et du masque.
Comme V. M. se porte bien à l'entrée de son année climatérique, je me flatte que sa santé sera de longue durée. Je suis, etc.
57. AU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Berlin, 12 janvier 1766.
La lettre que vous m'avez faite du 9 de ce mois m'ayant été remise, j'ai saisi avec plaisir l'occasion de vous marquer ma bonne volonté pour vous obliger, et ai donné mes ordres précis à la Landschaft, afin de faire expédier de nouveau et envoyer à ma confirmation les contrats, selon le dénombrement que vous en avez joint sur les fonds que vous y avez placés, et dont les premiers originaux ont été perdus à la prise de Glatz. Et sur ce, je prie Dieu, etc.
164-aVous recevrez, mon ami, vos quittances dès qu'on me les aura envoyées.
<165>58. AU MÊME.
(9 février 1766.)
Je vous envoie, mon cher ami, une petite provision de truffes d'Italie qu'on m'a fait tenir par Vienne. Je souhaite qu'elles vous soient agréables, qu'elles vous ragoûtent, et réveillent votre appétit.
J'attends ici tranquillement dans mon trou le retour du printemps; cette saison-ci n'est pas faite pour notre âge. Nous autres vieillards ne ressuscitons qu'au printemps, et végétons en été; mais l'hiver n'est bon que pour cette jeunesse bouillante et impétueuse qui se rafraîchit à des courses de traîneaux et à se peloter de neige.
Adieu, mon cher ami; je fais des vœux pour votre conservation et pour tout ce qui peut répandre des agréments sur votre vie.
59. DU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Brandebourg, 11 février 1766.
Sire,
Je rends grâces à Votre Majesté des truffes d'Italie qu'elle vient de m'envoyer. Ceux qui auront goûté de l'une et de l'autre espèce trouveront que celles de votre bon pays de Magdebourg et de Halberstadt les surpassent infiniment. Le long voyage des ultramontaines peut en être la cause.
Puissiez-vous, Sire, jouir longtemps de tous les mets et de tout ce qu'il y a de bon dans ce monde, puisque personne n'en est plus digne que vous! Je me flatte, Sire, que vous passerez bien au delà de mon âge de soixante-neuf ans, surtout depuis les effets des bains<166> de Landeck, qui vous ont raffermi au point de supporter également le froid et le chaud de la saison au temps de vos manœuvres.
Je deviens sourd, Sire, et j'ai toute la peine du monde à me faire entendre. Votre serviteur s'achemine tout doucement vers le grand voyage. Tôt ou tard, et quelle qu'en soit l'issue, soyez persuadé que je vous aimerai, Sire, avec un dévouement inviolable et le plus profond respect jusqu'au dernier moment de ma vie. Je suis, etc.
60. AU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
(16 février 1766.)
Votre lettre, mon cher ami, m'a attristé. Vous me parlez de votre départ, et, si cela dépend de moi, j'ai envie de vous conserver le plus longtemps possible. On trouve partout des hommes, mais rarement d'aussi honnêtes gens et d'aussi fidèles amis que vous. Soignez-vous le plus qu'il est possible, pour que je ne vous perde pas sitôt, et songez au chagrin que j'aurais, si je me voyais séparé de vous pour jamais. Un peu de surdité ne fait rien à l'affaire; on a des cornets qui facilitent l'ouïe; feu madame de Rocoulle166-a en avait, et je vous en ferai faire, de sorte que j'espère qu'à l'aide du beau temps vous reprendrez des forces, et que je pourrai avoir encore le plaisir de jouir de vous à Sans-Souci.
Plein de cette persuasion, je vous prie de faire tout ce qu'il faut pour vous conserver, afin que j'aie alors le plaisir de vous embrasser et de vous donner des marques de ma sincère tendresse. Adieu.
<167>61. DU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Brandebourg, 19 février 1766.
Sire,
Je ne puis répondre à vos bontés; un torrent de larmes me serre le cœur, et l'expression me manque. Toute ma consolation, et ce qui me flatte le plus, c'est que vous m'estimez au nombre de vos amis. Mais qui suis-je, moi, pour recevoir tant de grâces? Un chien mort, comme Méphiboseth.167-a
L'ordinaire des princes n'est pas d'avoir l'âme si tendre; et vous qui les surpassez tous, Sire, comment s'est-il pu faire que vous l'ayez si flexible pour vos amis? Aussi j'en reconnais tout le mérite, la grandeur et le prix.
Je ne crois pas, Sire, et le ciel m'en est témoin, qu'on puisse surpasser les sentiments d'attachement que j'ai pour votre auguste personne. Je baisse beaucoup et de tous côtés; je parle fort peu, parce qu'on a peine à m'entendre, et même je ne puis articuler ce que je veux dire, comme feu le général de Rochow. Peut-être que la belle saison y portera quelque changement, et me procurera encore le seul bien où j'aspire en ce monde, qui est de vous voir. Je suis, etc.
62. AU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
(24 février 1766.)
Je vois bien qu'il faut vous fortifier, mon cher ami. On a voulu goûter, il y a deux jours, du vin de Hongrie de mon grand-père;<168> on l'a trouvé bon. J'ai gardé la bouteille, je vous l'envoie. C'est la dernière; puisse-t-elle vous faire du bien!
Si vous voulez d'autres vins vieux, j'en ai de toutes les espèces, et je me ferai un vrai plaisir de vous les fournir; vous n'avez qu'à le dire. Je fais mille vœux pour votre conservation, en vous embrassant de tout mon cœur. Adieu, mon cher ami.
63. DU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Brandebourg, 2 mars 1766.
Sire,
Quel dommage et quelle perte pour Votre Majesté de vous priver de tout ce qu'il y a de plus délectable en fait de vin, et d'être d'un goût si opposé à celui de saint Luc!168-a Ce saint homme, avancé en âge sans doute et avec un estomac débile, jugea en bon connaisseur que le vin vieux était préférable au nouveau. Nonobstant les sentiments si contraires de V. M., je ne cesserai de faire les vœux les plus ardents pour la conservation de ses précieux jours. Je suis, etc.
64. AU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
(16 avril 1766.)
Je vous envoie, mon cher ami, quelques légumes et ce qu'il y a de plus nouveau dans le jardinage. Je souhaite que cela vous fasse plaisir,<169> que vous en mangiez en bonne santé, et que cela vous fasse ressouvenir de votre vieil ami.
65. DU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Brandebourg, 17 avril 1766.
Sire,
Je vous rends grâces des légumes que Votre Majesté vient de m'envoyer. Ce n'est qu'à Sans-Souci où l'on puisse trouver des choses si précoces. Également pénétré de joie de vous savoir en bonne santé, Sire, que de reconnaissance pour votre gracieux souvenir, je suis, etc.
66. AU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Potsdam, 19 avril 1766.
Je reçois avec sensibilité les témoignages de reconnaissance que vous m'avez marqués par votre lettre du 17 de ce mois. Comme je souhaite d'avoir des nouvelles sur l'état présent de votre santé, faites-moi le plaisir de me mander comment vous vous portez. Et sur ce, je prie Dieu, etc.
<170>67. DU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Brandebourg, 22 avril 1766.
Sire,
C'est ajouter le comble à vos grâces, Sire, que de m'ordonner de vous mander l'état de ma santé. Le rapport sincère que je puis en faire à V. M. est que ma situation est presque toujours la même, c'est-à-dire, fort valétudinaire. Ma voix reste faible, mes pieds sont enflés, et mes jambes ont peine à me porter. Cependant il semble que mon ouïe va mieux depuis peu, ce que j'attribue, Sire, à votre baume de la Mecque et à la saison présente.
Je supporte mes infirmités avec constance, Sire, pourvu que vous jouissiez d'une parfaite santé.
Rüdiger, par vos ordres, vient de m'envoyer des asperges dont je rends mes actions de grâces à V. M. Je suis, etc.
68. AU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Le 31 mai 1766.
Mon cher ami, je m'invite tout rondement à dîner chez vous sans façon, comme l'amitié l'autorise, pour le 2 juin, ce qui est après-demain.
Je me réjouis d'avance, mon cher Fouqué, d'avoir le plaisir de vous embrasser. Je serai à onze heures chez vous. Adieu, mon cher ami.
<171>69. AU MÊME.
Le 5 juillet 1766.
Je vous envoie, mon cher ami, quelques fruits de mon jardin. J'ai eu à faire jusqu'ici; à présent je suis seul. Cependant je ne vous invite à venir que quand la pluie sera passée, parce que le froid qu'il fait à présent ne serait pas convenable à votre santé. Vous aurez la bonté de me dire naturellement si ce petit voyage vous convient, et quand vous voulez le faire, pour que je vous envoie de mes chevaux d'avance.
Adieu, mon cher ami; je reconnaîtrai ce plaisir que vous voulez me faire, et je vous embrasse.
70. DU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Brandebourg, 5 juillet 1766.
Sire,
Je vous rends grâces des bons fruits que Votre Majesté vient de m'envoyer. Plus mon cœur est pénétré de reconnaissance pour le gracieux souvenir de V. M., et plus je suis mortifié, Sire, de me voir dans la situation qui m'ôte le pouvoir de me rendre à vos ordres. Mes maux de reins sont encore les mêmes, et ne me permettent pas de quitter mon fauteuil. J'espère que le beau temps en dissipera les douleurs, et me mettra en état de satisfaire l'empressement respectueux que je ressens de me jeter aux pieds de V. M. Je suis, etc.
<172>71. AU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Le 16 juillet 1766.
Je vous ai envoyé un médecin;172-a mais, comme je sais que vous ne vous en servez que fort superficiellement, je vous envoie, mon cher ami, des melons qui peut-être seront plus de votre goût. Le médecin prétend que vous avez passé le temps de la saignée, mais que, en vous faisant tirer un peu de sang, vous vous trouverez beaucoup soulagé. Personne ne prend plus de part que moi à votre conservation; ainsi ne trouvez pas étrange que j'entre dans les détails de votre santé et de ce qui peut prolonger les jours de mon ancien et fidèle ami. Adieu, mon cher; je vous embrasse.
72. DU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Brandebourg, 16 juillet 1766.
Sire,
Ce sont vos bontés seules qui me soulagent. Je vais me servir des bains que votre médecin m'a ordonnés. Je me saigne régulièrement deux fois par an, le 15 avril et le 15 octobre. Au reste, je me rapporte au goût du public, en donnant aux cerises et aux melons la préférence sur la casse, le séné et la rhubarbe. Je suis, etc.
<173>73. AU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Potsdam, 10 septembre 1766.
Votre lettre du 7 de ce mois m'a fait d'autant plus de plaisir, puisqu'elle me confirme les mêmes sentiments d'attachement pour moi que je vous ai toujours connus, par la part sincère que vous prenez à mon voyage de Silésie, dont je suis heureusement de retour, ayant tout lieu d'en être satisfait. Je souhaite seulement que votre santé, qui m'intéresse toujours beaucoup, soit parfaite, et que j'en aie de temps en temps de bonnes nouvelles, priant au reste Dieu, etc.
74. AU MÊME.
(26 septembre 1766.)
Je vous envoie, mon cher ami, du vin de Hongrie, ayant appris en Silésie que vous en désiriez; et je vous envoie en même temps de mes raisins, que vous goûterez, en cas qu'ils ne vous soient point nuisibles. J'ai aussi écrit à Constantinople pour du baume de la Mecque, sur ce que je soupçonne que le vôtre sera consumé. Enfin je voudrais contribuer à votre conservation autant qu'il dépend de moi. Secondez-moi, mon cher, dans cette entreprise, par les soins de votre santé, pour que je conserve le plus longtemps que possible mon bon, ancien et fidèle ami. Adieu.
<174>75. DU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Brandebourg. 27 septembre 1766.
Sire,
Quels soins prenez-vous d'un homme qui ne vous est plus utile à rien! Il ne suffit pas que V. M. m'envoie du vin de Hongrie et des raisins qui entre eux se disputent à qui l'emportera pour le goût; il faut encore que l'Asie y fournisse de son baume. Comment puis-je, Sire, répondre aux bontés infinies dont V. M. me comble? Mon cœur éprouve tous les effets de la reconnaissance, mais l'expression me manque.
Rien ne contribue plus à ma conservation, Sire, que les soins gracieux de V. M., sans lesquels je ne serais peut-être plus. Le baume de la Mecque, Sire, ne laisse pas que de me donner des forces, et je me servirai de votre vin de Hongrie pour fortifier mon estomac, en chantant la louange et la gloire de mon incomparable bienfaiteur.
Quel chagrin pour moi, Sire, de n'être plus en état de prouver par mes services le zèle et le dévouement inviolable avec lequel je suis, etc.
76. AU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
(17 octobre 1766.)
J'ai enfin, mon cher ami, reçu du baume de la Mecque, que mon ministre174-a m'a rapporté de Constantinople. Je vous l'envoie, en fai<175>sant mille vœux qu'il vous fasse tout le bien possible, en vous assurant que personne ne s'y intéresse plus que votre vieil et fidèle ami.
77. DU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Brandebourg, 17 octobre 1766.
Sire,
Ce n'est pas assez que Votre Majesté ait rendu mes jours heureux, elle cherche encore à les prolonger par les soins gracieux qu'elle prend de ma santé. Je vous rends grâces, Sire, pour la provision de baume de la Mecque que vous venez de m'envoyer. Je me servirai de cet excellent remède comme d'un confortatif et comme d'un témoignage de vos bontés. Je suis, etc.
78. AU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Berlin, 19 décembre 1766.
Je vous envoie, mon cher ami, un service de ma porcelaine que je vous ai destiné depuis longtemps, et que les fours ont empêché d'achever plus tôt. Je vous prie de vous en servir; s'il se casse, je le compléterai facilement.
Portez-vous bien, vivez pour ma consolation, et jouissez de toutes les prospérités que comporte l'humaine nature. Ce sont les vœux que fait pour vous le plus ancien et le plus fidèle de vos amis.
<176>79. DU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Brandebourg, 23 décembre 1766.
Sire,
S'il y a un moyen de prolonger mes jours, je crois que Votre Majesté en possède le secret, témoin la joie que je ressens du beau présent de porcelaine que je viens de recevoir.
Il est certain, Sire, qu'en se servant le matin du baume de la Mecque, à midi d'une soupe bien mitonnée dans vos belles terrines, et au dessert de votre vieux vin de Hongrie, il y a toute apparence que la continuation peut mener fort loin.
Jugez, Sire, de la vive reconnaissance et de l'obligation que je dois à V. M. pour toutes ses grâces et ses bontés. Comme je ne vous suis plus utile à rien, Sire, mon temps sera toujours employé à chanter votre los, honneur et gloire, et à faire des vœux pour la prospérité de votre auguste personne. Je suis, etc.
80. AU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Le 18 février 1767.
Je vous envoie, mon cher ami, un petit pâté du Périgord. Je souhaite qu'il vous soit agréable, et que votre santé soit assez bonne pour le manger sans incommodité.
Ceux qui viennent de Brandebourg disent que vous vous portez bien; ce ne sera jamais autant que je le souhaite, car personne ne s'intéresse tant à votre conservation que votre ancien et fidèle ami.
<177>81. DU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Brandebourg, 18 février 1767.
Sire,
Je vous rends grâces du pâté du Périgord dont il vous a plu me faire part. Je le trouve fort bon, et le haut goût n'y manque certainement pas. Mais le moyen de faire tout tourner en bien à qui que ce soit, c'est d'en user sobrement. Je compte sûrement que V. M. fera de même.
Quant à ma santé, Sire, elle est passable, grâce au temps présent, qui me permet, de temps à autre, de déterrer un blaireau ou un renard; d'ailleurs, je parle à ne plus me faire entendre, et je marche en chancelant. Je ne suis plus assuré que sur un seul point, qui est l'attachement inviolable avec lequel mon cœur vous sera voué jusqu'au dernier moment de ma vie. Je suis, etc.
82. DU MÊME.
Brandebourg, 4 septembre 1767.
Sire,
J'ose me flatter que votre voyage se sera terminé heureusement, à votre satisfaction; j'en juge par l'avancement que vous avez trouvé à propos de faire. La part que j'y prends pour le colonel Luck me fait augurer que V. M. a été contente du régiment. Pour comble de mes vœux, continuez, Sire, à vous bien porter; et, après avoir satisfait à vos voyages et à vos revues, j'espère que vous allez vous délasser en préparant une bonne réception au prince d'Orange, et terminer<178> le tout par de belles et glorieuses noces.178-a Permettez-moi, Sire, de vous en faire mes compliments de félicitation. Je rends grâces à V. M. de la part que j'ai eue pendant votre absence aux melons de Sans-Souci. Je suis, etc.
83. AU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Le 7 septembre 1767.
Je suis de retour, mon cher ami, de Silésie, où j'ai trouvé votre régiment très-beau et en très-bon ordre.
Je vais marier bientôt ma nièce; je vous inviterais volontiers aux noces, mais je sais que vous préférez la retraite au grand monde. Je vous embrasse de tout mon cœur.
84. AU MÊME.
Le 12 novembre 1767.
Mon cher ami, je vous envoie du baume de la Mecque arrivé incessamment de Constantinople, des raisins de ma vigne, et quelques bouteilles de ce vieux vin du Rhin que vous aimez. Je souhaite que cela vous soit agréable, et que vous vous en régaliez. Vivez, mon cher<179> ami, pour vos amis, surtout pour moi, qui suis le doyen de tous, et qui vous serai attaché jusqu'au trépas. Adieu.
85. DU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Brandebourg, 13 novembre 1767.
Sire,
Je suis sensiblement touché des nouvelles marques de vos bontés et des grâces que V. M. vient de me témoigner par les soins qu'elle prend de la conservation de mes jours.
J'ai lieu de m'estimer le plus heureux des mortels, surtout, Sire, si le ciel, un jour, vient à ratifier les grâces que vous m'avez témoignées pendant ma vie. J'ose l'espérer, et me fonde sur l'amitié que je porte à son oint, pour la prospérité et la conservation duquel je ne cesserai de lui adresser mes vœux. Je suis et serai, Sire, jusqu'au dernier moment de ma vie, etc.
86. AU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Le 23 décembre 1767.
Mon cher ami, je croirais avoir mal passé la Noël, si je ne vous envoyais pas une petite marque de mon souvenir. Voici de ma porcelaine, pour que vous jugiez des progrès de ma fabrique, et voici des truffes que j'ai reçues de Turin. Je souhaite que l'un et l'autre vous<180> soit agréable, que vous vous portiez bien, et que vous n'oubliiez pas votre ancien et fidèle ami.
87. DU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Brandebourg, 30 décembre 1767.
Sire,
N'être plus bon à rien, et jouir des grâces et des bienfaits du Roi son maître, est une satisfaction qui ne se fait pleinement ressentir qu'à mon âge.
Vous jugerez, Sire, de la joie que produit en mon cœur votre gracieux souvenir et les belles étrennes qu'il vous a plu d'y ajouter. La production de votre fabrique de porcelaine est un ouvrage achevé, dont la beauté et le goût surpassent tout ce qu'on peut voir en ce genre. Quant aux truffes de Turin, qui à mon goût ne valent rien, peut-être que celles de votre pays auraient le même sort en faisant un voyage semblable.
Je vous souhaite, Sire, une bonne et heureuse année. Portez-vous bien, soyez content, et prospérez toujours. Je suis, etc.
88. AU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Le 7 janvier 1768.
Je vous envoie, mon cher ami, le dernier office180-a que je rends à un neveu que j'ai beaucoup aimé. Je puis vous assurer qu'il n'y a rien <181>d'ajouté, et que son caractère et ses connaissances étaient telles que je les ai dépeints.
Je ne vous enverrai plus de truffes d'Italie; il faut que votre cuisinier ne sache pas les accommoder, car tout le monde les a trouvées ici excellentes.
Adieu, mon cher ami; je vous embrasse, en faisant mille vœux pour votre conservation.
89. DU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Brandebourg, 8 janvier 1768.
Sire,
Je suis sensiblement touché de la mort du prince Henri, duquel à la vérité je n'ai eu de connaissance que de sa figure aimable. Les soins que vous avez pris, Sire, de son éducation, les espérances que vous fondiez sur le mérite de ce cher prince, et l'éloge que vous lui donnez, sont à la fois un témoignage de l'amitié que vous lui portiez et des bonnes qualités qu'il possédait. C'était, en un mot, votre ouvrage. J'assistais à son oraison funèbre à l'église du dôme, où l'on chantait une hymne qui me fit pleurer à chaudes larmes; c'était :
Das Grab ist da, die besten Jahre
Sind auch des blassen Todes Raub;
Er legt den Schönsten auf die Bahre,
Und wirft den Stärksten in den Staub;
Die Grabschrift, die die Tugend gräbt,
Macht, dass man auch im Tode lebt, u.s.w.181-a
<182>La perte de cet aimable prince est pour ainsi dire irréparable, si ce n'est, avec permission de V. M., qu'elle veuille redoubler ses soins pour le Prince de Prusse, auquel généralement l'on attribue le caractère d'honnête homme avec tous les sentiments qui y répondent. Vous le devez, Sire, à votre propre gloire, au sang et à l'État, de plus, à la reconnaissance et à l'obligation que ce prince vous en aura.
Je vous rends grâces, Sire, de l'exemplaire dont il vous a plu de m'honorer, et que j'estime un ouvrage parfait. Je suis, etc.
90. AU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Le 26 avril 1768.
Mon cher ami, j'apprends du général Kleist que vous êtes indisposé, et je vous envoie mon médecin pour s'informer de votre santé. Je fais mille vœux pour vous; c'est à quoi je borne mes facultés. Si j'étais médecin, je voudrais vous guérir, et si j'étais Dieu, je vous rendrais immortel, car les honnêtes gens devraient l'être; mais ma puissance ne va qu'à faire des vœux pour vous.
S'il y a ici quelque chose à votre service, vous n'avez qu'à dire un mot; tout ce qui dépend de moi se fera.
Je souhaite d'apprendre de vous de bonnes et d'agréables nouvelles. En attendant, je vous embrasse tendrement. Adieu.
<183>91. DU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Brandebourg, 27 avril 1768.
Sire,
Sans être ni Dieu, ni médecin, vos bontés et vos grâces ne laissent pas que d'opérer de bons effets, surtout la joie que je ressens de vous savoir en parfaite santé, dont je vous souhaite la continuation pendant une longue suite d'années.
Quant à moi, je vais mon chemin, et je m'apprête peu à peu pour le grand voyage. Le quinquina vient de me guérir de la fièvre; il ne me reste plus, pour achever la cure, que de pouvoir entendre, parler et marcher.
Je me rappelle que, ayant engagé défunt le duc de Barby, il y a trente ans passés, à se servir des bains de Lauchstädt près de Halle, il y alla avec deux béquilles, et en revint sain et sauf au bout de quatre semaines, marchant comme à l'ordinaire. Je serais fort tenté d'en faire l'expérience, si V. M. m'en accorde la permission, ce qui toutefois ne se fera qu'après le passage de V. M. par Brandebourg. Je suis, etc.
92. AU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Le 28 avril 1768.
Je suis bien aise de voir par votre lettre que votre santé se rétablit, et que vous êtes intentionné de vous servir des eaux de Lauchstädt. Il dépendra absolument de vous d'y aller quand vous voudrez, pourvu que cela ne soit pas justement dans le temps des revues prochaines,<184> quand j'irai à Magdebourg; et, en passant par Brandebourg, je voudrais bien avoir le plaisir de vous voir. Sur ce, etc.
93. AU MÊME.
Le 23 octobre 1768.
Mon cher ami, voici le petit tribut que je vous offre; ne regardez pas à la somme, mais ne considérez que le cœur tendre du plus fidèle de vos amis, qui voudrait vous faire plaisir. Ménagez-vous bien, vivez comme Mathusalem, et soyez persuadé que je vous aimerai de corps et d'âme jusqu'à mon dernier soupir.
94. DU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Brandebourg, 24 octobre 1768.
Sire,
Je ne sais que répondre aux grâces et aux bienfaits dont je me vois comblé. Les expressions par lesquelles je voudrais marquer à V. M. ma reconnaissance me manquent. Cependant, Sire, j'ose assurer V. M. que je suis moins sensible à tous les trésors que vous pourriez m'offrir qu'aux termes gracieux qu'il vous plaît d'y ajouter.
Mon cœur vous est garant, Sire, de l'attachement inviolable que j'aurai jusqu'au dernier moment de ma vie pour votre auguste personne. Je suis, etc.
<185>95. AU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Le 22 décembre 1768.
Mon cher ami, voici une petite marque de souvenir que je vous envoie. L'usage est que les familles se fassent des présents à la Noël, et je vous traite comme de la famille, tant en qualité d'honnête et preux chevalier sans peur et sans reproche qu'en qualité de mon ancien ami.
Ayez bien soin de votre santé, pour que je conserve mon bon et vieil ami le plus longtemps possible, et que j'aie encore souvent le plaisir de vous assurer de vive voix de toute l'étendue de ma tendresse et de mon estime.
96. DU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Brandebourg, 24 décembre 1768.
Sire,
Il s'en faut de beaucoup que mes enfants aient ressenti à leurs étrennes la joie que j'ai eue à la réception des vôtres et du gracieux souvenir dont il vous a plu de m'honorer. Que ne puis-je reconnaître dignement tant de bontés! Je ne le puis qu'en idée et par des vœux qui sont d'autant plus sincères, qu'ils partent de cœur et d'affection. Je ne parle plus à me faire entendre, et je perds l'ouïe. Je cherche à Berlin un petit cornet pour suppléer, s'il est possible, à ce défaut, tel que madame Rocoulle en a eu, sans le pouvoir trouver. Je suis, etc.
<186>97. AU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Le 9 janvier 1769.
Je vous envoie, mon cher ami, tous les instruments acoustiques que j'ai pu recueillir ici, avec une note sur leur usage. Je souhaite qu'ils vous rendent l'ouïe et soulagent votre vieillesse. Si je pouvais vous rajeunir, je le ferais; mais cela passe mes forces. Je vous embrasse de tout mon cœur.
98. DU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Brandebourg, 12 janvier 1769.
Sire,
S'il y a moyen de me rétablir, je dois certainement l'attendre des bontés de V. M. Je vous rends très-humblement grâces, Sire, des instruments que vous venez de m'envoyer, et dont les deux plus grands font leur effet. J'en ferai demain l'épreuve au temple, où je prierai pour la prospérité de mon auguste bienfaiteur. Je suis, etc.
99. DU MÊME.
Brandebourg, 5 septembre 1769.
Sire,
Permettez que je vous témoigne la part que je prends à votre heureux retour de la Silésie et de la visite remarquable qu'elle vient de<187> recevoir de S. M. I. à Neisse,187-a trait qui sera à jamais mémorable dans votre histoire. Je souhaite, Sire, que le tout se soit terminé à la satisfaction de V. M., et que ce prince, désireux de s'instruire, en rendant justice à vos talents militaires, ne veuille pas un jour mettre à profit contre son maître, à l'exemple des Russes, les instructions qu'il vient d'en recevoir. Je suis, etc.
100. AU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Le 7 septembre 1769.
Mon cher ami, je vous suis bien obligé de la part que vous prenez à la visite que j'ai reçue. Ce jeune empereur est un prince plein de mérite et d'ambition. Il m'a témoigné toute l'amitié qu'un de mes plus proches parents pourrait avoir pour moi. Il m'a même dit qu'il ne comptait jamais faire usage envers moi ou ma famille de ce qu'il pourrait apprendre chez nous. Il est parti très-satisfait, et m'a invité l'année prochaine à venir chez lui, ce que je lui ai promis, comme cela n'était que juste.
On a trouvé votre régiment très-beau et en bon ordre. Toutes ces troupes sont dans un tel état, qu'il ne reste presque rien à désirer pour elles que leur conservation; en un mot, j'ai eu tout lieu d'être content de mon voyage. Je vous envoie des fruits de mon verger, car, mon cher ami, à notre âge il ne nous reste que de cultiver nos jardins.
Je vous embrasse du fond de mon cœur, en vous assurant que je suis tout à vous.
<188>101. DU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Brandebourg, 8 septembre 1769.
Sire,
Je suis charmé d'apprendre par votre gracieuse lettre que vous êtes satisfait et de la visite de S. M. I., et de tout votre voyage. Je ne souhaite plus que de vous savoir toujours en bonne santé; rien ne saurait égaler la consolation que j'en ressens. Je vous rends grâces, Sire, du fruit excellent que vous avez eu la bonté de m'envoyer. Je suis, etc.
102. AU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Le 29 décembre 1769.
Je vous envoie, mon cher ami, des étrennes de ma fabrique de porcelaine. Les progrès en sont sensibles, et je souhaite que cela puisse vous faire quelque plaisir. C'est ce que je désire, vous aimant et vous considérant comme un preux chevalier et comme le plus ancien de mes amis. Je suis à vous de corps et d'âme.
103. DU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Brandebourg, 29 décembre 1769.
Sire,
Je vous rends grâces des étrennes que Votre Majesté a eu la bonté de m'envoyer. La beauté de la porcelaine s'augmente de jour en <189>jour, et je crois qu'elle est parvenue à son plus haut période, tant en beauté de dessin qu'en blancheur.
Ce qui m'est le plus sensible est le gracieux souvenir de V. M., et ce que je souhaite ardemment est la parfaite santé et la conservation de son auguste personne. Je suis, etc.
104. AU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Le 6 mai 1770, jour de la bataille de Prague.
Je vous envoie, mon cher ami, du vieux vin de Hongrie pour vous en délecter le même jour que vous fûtes, il y a treize ans, si cruellement blessé par nos ennemis.189-a
J'ai eu la goutte, qui m'a fort maltraité cette fois par trois accès consécutifs aux deux jambes comme aux genoux; mais je n'y pense plus.
Nous exerçons que c'est une merveille, et je vais mon train tant qu'un souffle de vie m'anime.
Puissiez-vous aussi bien vous porter que je le désire, et être persuadé de la tendresse et de l'estime infinie qui m'attachent à votre personne. Adieu.
<190>105. DU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Brandebourg, 7 mai 1770.
Sire,
Je vous rends grâces du vieux vin de Hongrie que vous avez eu la bonté de m'envoyer pour célébrer le jour de la bataille de Prague. Il me servira de confortatif, vu que je baisse par tous les organes.
Le rétablissement de V. M. contribue au mien. La triste expérience que vous en avez fait que vous savez y porter remède par le régime. Je souhaite qu'elle soit durable, et que vous puissiez faire les exercices jusqu'à la fin du siècle. Je suis, etc.
106. AU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Le 24 décembre 1770.
Je vous envoie, mon cher ami, une petite marque d'amitié et de souvenir que j'espère que vous prendrez comme venant de la part de votre plus ancien et fidèle ami. Je souhaite qu'à la nouvelle année vous recouvriez la voix, la vue et l'ouïe, que vous m'aimiez toujours un peu, et que vous soyez persuadé de mon amitié et de mon estime. Adieu.
<191>107. DU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Brandebourg, 28 décembre 1770.
Sire,
Je suis sensiblement touché du souvenir que Votre Majesté vient de me réitérer, et c'est avec bien du regret que je ne puis reconnaître dignement tant de bontés. Je ne le puis que par les vœux les plus sincères et par les assurances que votre contentement fait mon unique consolation et mon seul soulagement dans mes infirmités, qui s'augmentent toujours, et dont je n'ai aucun lieu d'espérer quelque changement. Je rends grâces à V. M. de la belle porcelaine qu'elle a eu la bonté de m'envoyer, et qui surpasse tout ce que j'ai vu jamais en ce genre. Je suis, etc.
108. DU MÊME.
Brandebourg, 23 septembre 1771.
Sire,
Permettez-moi de vous témoigner la part que je prends à votre heureux retour de la Silésie. Souhaitant de tout mon cœur qu'il se soit terminé en parfaite santé et à la satisfaction de V. M., je vous rends grâces, Sire, du fruit excellent qui m'est parvenu par l'ordre de V. M. pendant son absence. Je suis, etc.
<192>109. AU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
(24 septembre 1771.)
Je suis bien aise, mon cher ami, que les fruits vous aient été agréables. C'était à cette intention qu'ils vous ont été envoyés, et encore parce que j'ai supposé que Brandebourg n'en fournirait pas beaucoup cette année. Je reviens de la Silésie, où j'ai trouvé beaucoup d'ouvrage achevé, mais où il reste cependant encore bien des choses à faire.
Votre régiment commence à devenir beau, mais je ne vous en parle point, parce que, dans l'état d'infirmité où vous vous trouvez, cela vous causerait des regrets qu'il faut vous épargner.
Adieu, mon cher ami; ménagez bien votre santé, aimez-moi toujours, et soyez persuadé que, comme de tous vos amis je suis le plus ancien, j'en suis aussi le plus fidèle.
110. AU MÊME.
Potsdam, 5 septembre 1773.
La lettre de félicitation que vous venez de m'écrire sur mon heureux retour de la Silésie m'a été d'autant plus agréable, qu'elle m'est une marque assurée de la continuation de votre attachement pour moi. Recevez-en ici mes sincères remercîments et les vœux que je fais en même temps pour votre conservation, en priant Dieu, etc.
192-aJe souhaiterais, mon cher ami, que vous fussiez en situation que je pusse vous embrasser chez moi.
<193>AU FILS DU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Potsdam, 10 mai 1774.
Je viens de recevoir les marques de l'ordre de l'Aigle noir dont feu votre digne père était décoré, de même que le cheval de service que vous m'avez adressé sous le 9 de ce mois; et, voulant bien vous remercier de l'envoi que vous m'en avez fait, et vous réitérer à cette occasion les assurances de ma protection et bienveillance royale, je prie Dieu qu'il vous ait en sa sainte et digne garde.
123-a De la main de Frédéric.
124-a Le lieutenant-colonel de Hacke, adjudant général et favori de Frédéric-Guillaume Ier, est mentionné t. XVI, p. 54 et 90, où le Roi lui donne par plaisanterie le nom de Crochet.
124-b De la main de Frédéric.
125-a De la main de Frédéric.
125-b Cette lettre à Sylla, c'est-à-dire au prince Léopold d'Anhalt-Dessau, est du 31 janvier 1739, et se trouve dans l'ouvrage de M. Léopold d'Orlich, Geschichte der schlesischen Kriege, Berlin, 1841, t. I, p. 290.
125-c Voyez t. XVI, p. 180, 260, 261 et 410, et t. XVII, p. 60 et 61.
126-a De la main du Roi.
127-a De la main du Roi.
127-b Minute autographe.
128-a Ce mot, fidèlement copié sur l'original, est probablement l'abréviation de Schleswig.
128-b Voyez t. IV, p. 112.
129-a Réflexions sur quelques changements à introduire dans la façon de faire la guerre. Breslau, 21 décembre 1758. Voyez les Écrits de Frédéric sur l'art militaire.
135-a Personnage de la tragédie de Mithridate, de Racine. Ce passage est une allusion aux représentations théâtrales qui faisaient partie des plaisirs de Frédéric pendant son séjour à Rheinsberg, en 1736. Voyez le Journal secret du baron de Seckendorff. A Tubingue, 1811, p. 159 et 160. Voyez aussi t. XVI, p. 368.
136-a Le général Fouqué se trouvait alors à Glatz.
136-b De la main du Roi.
136-c A Brandebourg.
137-a Médecin du Roi. Voyez t. XIII, p. 34, et t. XIX, p. 38.
137-b Ces deux mots font peut-être allusion au nom de Constant que Frédéric portait comme chevalier de l'ordre de Bayard, qu'il avait institué à Rheinsberg et dont Fouqué était grand maître. Voyez ci-dessus, p. 126.
139-a Voyez t. I, p. 200, t. VI, p. 251, t. X, p. 173, et t. XVIII, p. 181.
140-a Voyez ci-dessus, p. 34.
140-b Achmet-Effendi, envoyé turc à Berlin. Voyez ci-dessus, p. 104, et Friedrich der Grosse, eine Lebensgeschichte, von J. D. E. Preuss, t. II, p. 433-435.
147-a Le prince Léopold d'Anhalt, que Frédéric mentionne, t. XVI, p. 92, sous le nom de la Barbe, et ci-dessus, p. 125, sous celui de Sylla.
148-a Probablement le prince héréditaire de Brunswic. Voyez t. IV, p. 157 et 209; t. V, p. 6-11; t. VI, p. 251, §. 18; t. XII, p. 25, et t. XIX, p. 137.
149-a Premier jardinier du Roi.
150-a Le colonel de Nimschöffsky. Voyez t. IV, p. 221, et t. V, p. 127 et 223.
150-b Le Roi aimait les truffes et faisait venir tous les ans un pâté du Périgord. Fouqué avait amené de la Croatie quelques chiens dressés à déterrer les truffes. On trouva dans les environs de Magdebourg et de Halberstadt des truffes qui ne le cédaient point à celles d'Italie, et Fouqué, en ayant fait faire un pâté à la façon de ceux du Périgord, l'envoya au Roi, qui le trouva très-bon. (Note de M. Büttner.)
152-a Maître d'hôtel du Roi. Voyez t. XIII, p. 98. et t. XIX, p. 69, 93 et 108.
159-a Voyez t. XIX, p. 446 et 447.
159-b Le lieutenant-colonel Gaspard-Fabien-Gottlieb de Luck, qui commandait alors le régiment de Fouqué, no 33. Voyez t. VI, p. 173.
163-a La margrave Sophie de Schwedt, sœur du Roi, était morte le 13 novembre 1765. Voyez, ci-dessus, p. 139.
163-b Lorsque le Roi établit la ferme générale du tabac, il vint une fois à parler à Fouqué, pendant qu'il était chez lui, à Brandebourg, de l'avantage des intéressés, et lui conseilla d'y prendre part. Fouqué fit des difficultés, préférant les intérêts plus modiques, mais plus sûrs, qu'il tirait de la Landschaft, à Berlin. Le Roi entra là-dessus dans sa chambre, et revint bientôt après avec une somme considérable qu'il remit à Fouqué. « Voici, lui dit-il, de l'argent que je vous apporte pour que vous en achetiez des actions de tabac. » (Note de M. Büttner.)
164-a De la main du Roi, probablement.
166-a Voyez t. XVI, p. XII, et 203-209.
167-a II Samuel, chap. IX, v. 6-8.
168-a Voyez l'Évangile selon saint Luc, chap. V, v. 39.
172-a M. Cothenius, que le Roi envoya au général Fouqué, fut très-bien reçu. On lui laissa à peine le temps de s'informer de la santé du général. De là vient qu'il fut peu satisfait de sa docilité et de sa diète. (Note de M. Büttner.)
174-a M. de Rexin. Voyez t. IV, p. 208, et t. V, p. 121.
178-a Le 4 octobre, le prince Guillaume V d'Orange épousa la princesse Frédérique-Sophie-Wilhelmine, fille unique du feu Prince de Prusse, née le 7 août 1751. Voyez t. VI, p. 19, 246 et 250, §. 15.
180-a L'Éloge du prince Henri. Voyez t. VII, p. II et III, p. 43-56, et t. XIX, p. 466 et 468.
181-a Ces six vers, un peu changés par le général Fouqué, sont tirés de la quatrième et de la neuvième strophe de l'hymne de Benjamin Schmolck, pasteur à Schweidnitz, mort en 1737; elle commence ainsi :
Das Grab ist da, hier steht mein Bette,
Da ich den Tod umarmen soll, etc.
187-a Voyez t. VI, p. 26-28.
189-a Voyez t. IV, p. 136.
192-a De la main du Roi.