<111> reçu un estomac pour digérer, des yeux pour voir, une âme pour juger.
Mettez deux hommes sur la terre; ils n'appelleront bon, vertueux et juste, que ce qui sera bon pour eux deux. Mettez-en quatre, il n'y aura de vertueux que ce qui conviendra à tous les quatre; et si l'un des quatre mange le souper de son compagnon, ou le bat, ou le tue, il soulève sûrement les autres. Ce que je dis de ces quatre hommes, il le faut dire de tout l'univers. Voilà, monseigneur, à peu près le plan sur lequel j'ai écrit cette Métaphysique morale; mais, quand il s'agit de vertu, est-ce à moi à en parler devant vous?
Les vertus sont l'apanage
Que vous reçûtes des cieux;
Le trône de vos aïeux,
Près de ces dons précieux,
Est un bien faible avantage.
C'est l'homme, en vous, c'est le sage
Qui m'asservit sous sa loi.
Ah! si vous n'étiez que roi,
Vous n'auriez point mon hommage.
Jugez mes idées, grand prince; car votre âme est le tribunal où mes jugements ressortissent. Que V. A. R. me donne d'envie de vivre, pour voir un jour de mes yeux le Salomon du Nord! Mais j'ai bien peur de n'être pas si heureux que le bon vieillard Siméon.a Nous ne passons point devant votre portrait sans dire notre hymne qui commence :
Espérons le bonheur du monde.J'attends votre décision sur l'Histoire de Louis XIV et sur les Éléments de la philosophie de Newton; si mes tributs ont été reçus avec bonté, j'espère que j'aurai des instructions pour récompense.
J'ose supplier V. A. R. de daigner m'envoyer, par une voie sûre
a Voyez ci-dessus, p. 47.