<181> permanentes, comment est-ce que M. Clarke, que Newton, viendront me dire que l'homme, cet être si petit, si imperceptible en comparaison de ce vaste univers, que dis-je? ce malheureux reptile qui rampe sur la surface de ce globe qui n'est qu'un point dans l'univers, cette misérable créature aura-t-elle seule le préalablea d'agir au hasard, de n'être gouvernée par aucunes lois, et, en dépit de son Créateur, de se déterminer sans raison dans ses actions? Car qui soutient la liberté entière des hommes nie positivement que les hommes soient raisonnables, et qu'ils se gouvernent selon les principes que j'ai allégués ci-dessus. Fausseté évidente; il ne faut que vous connaître pour en être convaincu.
6o Ayant déjà répondu à votre sixième objection, il me suffira de rappeler ici que Dieu, ne pouvant pas changer l'essence des choses, ne saurait par conséquent se priver de ses attributs.
7o Après avoir prouvé qu'il est contradictoire que Dieu puisse donner à l'homme la liberté d'agir, il serait superflu de répondre à la septième objection, quoique je ne puisse m'empêcher de dire, au nom des Wolff et des Leibniz, aux Clarke et aux Newton, qu'un Dieu qui entre dans la régie du monde, entre dans les plus petits détails, dirige toutes les actions des hommes dans le même temps qu'il pourvoit aux besoins d'un nombre innombrable de mondes, me paraît bien plus admirable qu'un Dieu qui, à l'exemple des nobles et des grands d'Espagne, adonnés à l'oisiveté, ne s'occupe de rien. De plus, que deviendra l'immensité de Dieu, si, pour le soulager, nous lui ôtons le soin des petits détails?
Je le répète, le système de Wolff explique les actions des hommes conformément aux attributs de Dieu et à l'autorité de l'expérience.
8o Quant aux emportements et aux passions violentes des hommes, ce sont des ressorts qui nous frappent, puisqu'ils tombent
a Cette misérable créature aura seule le droit, etc. (Variante des Œuvres posthumes. t. VIII, p. 351.)