<219> compter dans tous les arts, est bien plus grand dans une ode que dans une Épître libre.
Le Printemps est dans un tout autre goût; c'est un tableau de Claude Lorrain. Il y a un poëte anglais, homme de mérite, nommé Thomson, qui a fait les Quatre Saisons dans ce goût-là, en blank verses, sans rime. Il semble que le même dieu vous ait inspirés tous deux.
V. A. R. me permettra-t-elle de faire sur ce poëme une remarque qui n'est guère poétique?
Et dans le vaste cours de ses longs mouvements,
La terre, gravitant et roulant sur ses flancs,
Approchant du soleil, en sa carrière immense....
Voilà des vers philosophiques, par conséquent leur devoir est d'être vrais et d'avoir raison. Ce n'est pas ici Josué qui s'accommode à l'erreur vulgaire, et qui parle en homme très-vulgaire; c'est un prince copernicien qui parle, un prince dans les États de qui Copernic est né; car je le crois né à Thorn, et je pense que votre maison royale pourrait bien avoir des droits sur Thorn; mais venons au fait. Ce fait est que la terre, du printemps à l'été, s'éloigne toujours du soleil, de façon qu'au milieu du Cancer, elle est environ d'un million de grands milles germaniques plus loin de cet astre qu'au milieu de l'hiver, et que nous avons, moyennant cette inégalité dans son cours, huit jours d'été de plus que d'hiver. Je sais bien qu'on a cru longtemps qu'en été nous étions plus près du soleil; mais c'est une grande erreur. Il ne doit pas paraître singulier qu'un trente-troisième degré de proximité de plus ne nous échauffe pas; car je n'ai guère plus chaud à trente-deux pieds de ma cheminée qu'à trente-trois. Ce qui fait la chaleur n'est donc pas la proximité, mais la perpendicularité des rayons du soleil, et leur plus grande quantité réfractée de l'air sur la terre. Or, en été, les rayons sont plus approchants de la perpendicule et plus réfractés sur notre horizon septentrional, comme