<233> de philosophes. Tous ces systèmes ont un degré de probabilité; cependant ils se contredisent tous. Les Malabares ont calculé les révolutions des globes célestes sur le principe que le soleil tournait autour d'une haute montagne de leur pays, et ils ont calculé juste.

Après cela, qu'on nous vante les prodigieux efforts de la raison humaine, et la profondeur de nos vastes connaissances! Nous ne savons réellement que peu de choses; mais notre esprit a l'orgueil de vouloir tout embrasser.

La métaphysique me parut autrefois comme un pays propre à faire de grandes découvertes; à présent, elle ne me présente qu'une mer immense et fameuse en naufrages.

Jeune, j'aimais Ovide; à présent c'est Horace.a

La métaphysique ressemble à un charlatan : elle promet beaucoup, et l'expérience seule nous fait connaître qu'elle ne tient rien. Après avoir bien étudié les sciences et observé l'esprit des hommes, on devient naturellement enclin au scepticisme.

Vouloir beaucoup connaître est apprendre à douter.b

La Philosophie de Newton, à ce que je vois, m'est parvenue plus tôt qu'à son auteur. On vous a donc refusé la permission de l'imprimer à Paris? Il paraît que je tiens ce livre de la libéralité du libraire de Hollande.c Un habile algébriste de Berlin m'a parlé de quelques légères fautes de calcul; mais d'ailleurs les vrais connaisseurs en sont charmés. Pour moi, qui juge sans beaucoup de connaissance, j'aurai un jour quelques éclaircissements à vous demander sur ce vide, qui me paraît fort merveilleux, et sur le flux et reflux de la mer causé


a Dans les Œuvres posthumes, t. VIII, p. 371, ce vers est attribué à Boileau, de qui il n'est pourtant pas. Voyez t. XVIII, p. 147. Voyez aussi t. XVII, p. 342, et t. XIX, p. 403.

b Voyez t. X, p. 109.

c ... Qu'à son auteur. Le titre m'en a paru assez singulier, et il paraît bien que ce livre le tient de la libéralité du libraire. Un habile, etc. (Variante des Œuvres posthumes, t. VIII, p. 372.)