<244>tions? Je suis de ces gens qui interrogent la Providence; votre Providence m'a trop enhardi.

Est-ce plaisanterie ou tout de bon que V. A. R. dit qu'on a suivi le projet de M. le maréchal de Villars, d'unir l'Empereur avec la France? Il me semble qu'il y a là un air de vérité qu'on démêle au milieu de la fine ironie dont cet endroit est assaisonné.

En effet, qui résisterait, si l'Empereur était uni avec la France et l'Espagne? Alors les Anglais et les Hollandais ne se serviraient plus de leur balance, avec laquelle ils ont voulu tenir l'équilibre de l'Europe, que pour peser les ballots qui leur viennent des Indes.

Voici des expressions du respectable auteur de cet ouvrage, qui m'ont bien frappé : La fortune qui préside au bonheur de la France; cela me persuade plus que jamais que la France a joué bien heureusement à un jeu où je crois qu'elle ignorait qu'elle dût s'intéresser, un moment avant de prendre les cartes.

J'ai ouï dire à feu M. le maréchal de Villars qu'il avait fallu forcer la France à prendre les armes; que l'on avait même manqué deux fois de parole au ministre d'Espagne, et qu'enfin on avait été entraîné par les circonstances, piqué par le mépris que tout le conseil de l'Empereur, excepté le grand prince Eugène, faisait ouvertement du ministère français, et encouragé en partie par l'espérance de voir le roi Stanislas, qui vous aime de tout son cœur, sur le trône de la Pologne, où il serait, si les vœux de la nation polonaise et les lois eussent prévalu.

V. A. R. sait que la France destinait d'abord au roi Stanislas un secours un peu plus honnête que celui de quinze cents fantassinsa contre cinquante mille Russes; mais les menaces des Anglais, et leur flotte, toute prête à nous fermer le passage, retinrent dans le port le fameux Du Gay-Trouin,b qui comptait bien se mesurer avec les


a Voyez t. I, p. 189.

b Voyez t. XI, p. 62.