<252> soins que je me sois donnés; et je ne sais ce que fait notre pauvre Parnasse délabré de Berlin.
Jordan grandira de deux doigts quand il apprendra la place dont vous le jugez digne; votre lettre sera du bonbon que je lui donnerai à mon retour. Si ma plume pouvait vous dire tout ce que mon cœur pense, ma lettre n'aurait point de fin.
Le secret d'ennuyer est celui de tout dire,aJe ne vous dirai que très-peu, mon cher ami; pensez quelquefois à moi, lorsque vous n'aurez rien de mieux à faire; il ne faut point que je déplace quelque bonne pensée de votre esprit. Mes compliments à la marquise. Mon Dieu! on est si distrait ici, qu'on n'est point à soi-même. Aimez-moi un peu, car j'y suis très-sensible; et ne doutez point des sentiments d'estime avec lesquels je suis, monsieur, etc.
61. DE VOLTAIRE.
Cirey, août 1738.
Monseigneur, Votre Altesse Royale me reproche, à ce que dit M. Thieriot, que mes occupations sont plutôt la cause de mon silence que mes maladies. Mais, monseigneur, j'ai eu l'honneur d'écrire par M. Plötzb et par M. Thieriot. Voici une troisième lettre, et V. A. R. pourra bien ne se plaindre que de mes importunités.
Ceci, monseigneur, n'est ni belles-lettres, ni vers, ni philosophie,
a Sixième Discours sur l'Homme. Œuvres de Voltaire, édit. Beuchot, t. XII, p. 94. Boileau dit dans l'Art poétique, chant I, v. 63 :
Qui ne sait se borner ne sut jamais écrire.
b Voyez t. XVI, p. 140; t. XVII, p. 9; et ci-dessus, p. 150, 151, 155 et 165.