<278>ment le plus inviolable, et le plus profond respect, monseigneur, de V. A. R., etc.
71. A VOLTAIRE.
Berlin, 25 décembre 1738.
Mon cher ami, j'ai lu ces jours passés, avec beaucoup de plaisir, la lettre que vous adressez à vos infidèles libraires de Hollande. La part que je prends à votre réputation m'a fait participer vivement à l'approbation dont le public ne saurait manquer de couronner votre modération.
C'est cette modération qui doit être le caractère propre de tout homme qui cultive les sciences; la philosophie, qui éclaire l'esprit, fait faire des progrès dans la connaissance du cœur humain, et le fruit le plus solide qui en revient doit être un support plein d'humanité pour les faiblesses, les défauts et les vices des hommes. Il serait à souhaiter que les savants dans leurs disputes, les théologiens dans leurs querelles, et les princes dans leurs différends, voulussent imiter votre modération. Le savoir, la véritable religion, les caractères respectables parmi les hommes, devraient élever ceux qui en sont revêtus au-dessus de certaines passions qui ne devraient être que le partage des âmes basses. D'ailleurs, le mérite reconnu est comme dans un fort à l'abri des traits de l'envie. Tous les coups portés contre un ennemi inférieur déshonorent celui qui les lance.
Tel, cachant dans les airs son front audacieux,
Le fier Atlasa paraît joindre la terre aux cieux;
a Le fier Athos. (Variante des Œuvres posthumes, t. X, p. 156.) Frédéric dit dans son Épître sur la Fermeté et sur la Patience, t. XIV, p. 49 :
C'est ainsi que l'Athos, de sa cime exhaussée,
Contemple avec mépris la vague courroucée, etc.