<366> rendre inutile l'ouvrage d'un Dieu qui paraît épicurien, tant il a eu soin de la volupté des hommes.
J'aime le luxe, et même la mollesse,
Et les plaisirs de toute espèce;
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Tout honnête homme a de tels sentiments,a
C'est Moïse apparemment qui dit cela. Si ce n'est lui, c'est toujours un homme qui serait meilleur législateur que ce Juif imposteur, et que j'estime plus mille fois que toute cette nation superstitieuse, faible et cruelle.
Nous avons eu ici mylord Baltimore et M. Algarotti,b qui s'en retournent en Angleterre. Ce lord est un homme très-sensé, qui possède beaucoup de connaissances, et qui croit, comme vous, que les sciences ne dérogent point à la noblesse, et ne dégradent point un rang illustre.
J'ai admiré le génie de cet Anglais comme un beau visage à travers d'un voile. Il parle très-mal français, mais on aime pourtant à l'entendre parler; et l'anglais, il le prononce si vite, qu'il n'y a pas moyen de le suivre. Il appelle un Russien un animal mécanique; il dit que Pétersbourg est l'œil de la Russie, avec lequel elle regarde les pays policés; que si on lui éborgnait cet œil, elle ne manquerait pas de retomber dans la barbarie dont elle n'est guère sortie. Il est grand partisan de la soleil, et je ne le crois pas trop éloigné des dogmes de Zoroastre touchant cette planète. Il a trouvé ici des gens avec lesquels il pouvait parler sans contrainte, ce qui m'a fait composer l'Épître ci-jointe,c que je vous prie de corriger impitoyablement.
a
J'aime le luxe, et même la mollesse,
Tous les plaisirs, les arts de toute espèce,
La propreté, le goût, les ornements :
Tout honnête homme a de tels sentiments.
b Voyez t. XVIII, p. I-IV, et p. 3 et suivantes.
c Épître à mylord Baltimore, sur la Liberté; t. XIV, p. 81-87.