<409> moi, avec beaucoup de plaisir, et souhaitant beaucoup de la voir représenter ici en présence de son auteur, de cet ami que nous désirons tant de voir. Mon amphibie vous fait des compliments de ce que, tout malade que vous êtes, vous travaillez plus et mieux que tant d'auteurs pleins de santé. Je ne conçois rien à votre être très-particulier, car, chez nous autres mortels, l'esprit souffre toujours des langueurs du corps; la moindre chose me rend incapable de penser. Mais votre esprit, supérieur à ses organes, triomphe de tout. Puisse-t-il triompher de la mort même!

Vous lirez, s'il vous plaît, un petit conte assez mal tourné que je vous envoie, et une Épîtrea où je me suis avisé de parler très-sérieusement à une sorte de gens qui ne sont guère d'humeur à régler leur conduite sur la morale des poëtes. Machiavel suivra quand il pourra; vous voudrez bien attendre que j'aie le temps d'y mettre la dernière main.

Le monde est si tracassier ici, si inquiet, si turbulent, qu'il n'est presque pas possible d'échapper à ce mal épidémique; tout ce que je puis faire quelquefois, c'est de rimer des sottises. Je m'attends de me trouver bientôt dans une assiette plus tranquille; je reprendrai des occupations plus sérieuses, et qui demandent de la réflexion. A présent, voilà une malheureuse suite de fêtes qu'il faut essuyer, malgré que l'on en ait, et des discours très-inconséquents qu'il faut entendre et même applaudir. Je fais ce manége à contre-cœur, haïssant tout ce qui est hypocrisie et fausseté.

Algarotti m'écrit que Pine n'a pas encore achevé son impression de Virgile, et que la Henriade serait pendue au croc, en attendant l'Énéide. J'en ai fort grondé, car il me semble que

Virgile, vous cédant la place
Qu'il obtint jadis au Parnasse,


a Le Faux Pronostic, conte, t. XIV, p. 178-180, et l'Épître sur la Gloire et l'Intérêt, t. X, p. 79-90.