<423>Il est bien douloureux que la goutte prenne à la main de M. de Keyserlingk, quand il est près de donner de ses nouvelles.
Ce Keyserlingk charmant, l'honneur de votre empire,
A dès longtemps gagné mon cœur;
Je sens à la fois sa douleur
Et le chagrin de ne pouvoir le lire.
Souffrez, monseigneur, que la Henriade vous remercie encore de l'honneur que vous lui faites. Elle dit humblement avec Stace :
Nec tu divinam Aeneida tenta,Sed longe sequere, et vestigia semper adora.a
Je ne suis point si difficile;
Ce serait pour moi trop d'honneur,
Si je marchais après Virgile,
Chez mon prince et chez l'imprimeur.
Je suis avec le plus profond respect et la plus tendre reconnaissance, etc.
122. A VOLTAIRE.
Remusberg, 18 mai 1740.
Je vois dans vos discours la puissante évidence,
Et, d'un autre côté, la brillante apparence;
Par tous deux ébranlé, séduit également,
Je demeure indécis dans mon aveuglement.
L'homme est né pour agir,b il est libre, il est maître;
Mais ses sens limités ne sauraient tout connaître.
a La Thébaïde, poëme héroïque de Stace, livre XII, vers 816 et 817.
b Voyez t. X, p. 110, et ci-dessus, p. 184.