<426> le langage des gazettes est plus menteur que jamais, et que l'amour de la vie et l'espérance sont inséparables de la nature humaine; ce sont là les fondements de cette prétendue convalescence, dont je souhaiterais beaucoup de voir la réalité. Mon cher Voltaire, la maladie du Roi est une complication de maux dont les progrès nous ôtent tout espoir de guérison; elle consiste dans une hydropisie et une étisie formelle dans tout le corps. Les symptômes les plus fâcheux de cette maladie sont des vomissements fréquents qui affaiblissent beaucoup le malade. Il se flatte, et croit se sauver par les efforts qu'il fait de se montrer en public. C'est là ce qui trompe ceux qui ne sont pas bien informés du véritable état des choses.
On n'a jamais ce qu'on désire;
Le sort combat notre bonheur;
L'ambitieux veut un empire,
L'amant veut posséder un cœur;
Un autre après l'argent soupire,
Un autre court après l'honneur.
Le philosophe se contente
Du repos, de la vérité;
Mais dans cette si juste attente
Il est rarement contenté.
Ainsi, dans le cours de ce monde,
Il faut souscrire à son destin;
C'est sur la raison que se fonde
Notre bonheur le plus certain.
Ceint du laurier d'Horace, ou ceint du diadème,
Toujours d'un pas égal tu me verras marcher,
Sans me tourmenter ni chercher
Le repos souverain qu'au fond de mon cœur même.
C'est la seule chose qui me reste à faire, car je prévois avec trop de certitude qu'il n'est plus en mon pouvoir de reculer; c'est en regrettant mon indépendance que je la quitte; et, déplorant mon heu-