<124>tèrent Molière, et les fanatiques se sont soulevés contre moi. J'ai cédé au torrent sans dire un seul mot; si Socrate en eût fait autant, il n'eût point bu la ciguë.
J'avoue que je ne sais rien qui déshonore plus mon pays que cette infâme superstition, faite pour avilir la nature humaine. Il me fallait le roi de Prusse pour maître, et le peuple anglais pour concitoyen. Nos Français, en général, ne sont que de grands enfants; mais aussi, c'est à quoi je reviens toujours, le petit nombre des êtres pensants est excellent chez nous, et demande grâce pour le reste.
A l'égard de mon bavardage historique, une première cargaison partit le 20 de ce mois de Paris, adressée au fidèle David Girard, et la seconde est toute prête. J'ai déjà demandé pardon à V. M. de la peine qu'elle aura peut-être à déchiffrer le caractère des différents écrivains qui m'ont copié à la hâte ce que j'ai rassemblé.
Je m'imagine que le paquet est actuellement en chemin pour venir ennuyer V. M. à Aix-la-Chapelle.
Je sais certainement (si ce mot est permis aux hommes) que ce n'est point un commis de Bruxelles qui a ouvert la lettre, laquelle est devenue ma boîte de Pandore. Tout ce bel exploit s'est fait à Paris, dans un temps de crise, et c'est un espion de la personne que V. M. soupçonne qui a fait tout le mal.
V. M. l'avait très-bien deviné; elle se connaît aux petites choses comme aux grandes.
Surtout qu'elle connaît bien les injustices des hommes qui se mêlent de juger les rois, et que son ode sur cette matière toute neuve est pleine d'une poésie et d'une philosophie vraie et sublime!
Plût à Dieu que V. M. eût également raison dans les beaux compliments qu'elle me fait, dans son avant-dernière lettre, au sujet de la marquise!
Ah! vous m'avez fait, je vous jure,
Et trop de grâce, et trop d'honneur,