<139>de l'Empire, qui ne voient en vous que le roi; mais moi qui vois l'homme, et qui ai quelquefois de l'enthousiasme, j'oublie, dans mon ivresse, le monarque pour ne songer qu'à cet homme enchanteur.
Dites-moi par quel art sublime
Vous avez pu faire à la fois
Tant de progrès dans l'art des rois,
Et dans l'art charmant de la rime.
Cet art des vers est le premier,
Il faut que le monde l'avoue;
Car, des rois que ce monde loue,
L'un fut prudent, l'autre, guerrier;
Celui-ci, gai, doux et paisible,
Joignit le myrte à l'olivier,
Fut indolent et familier;
Cet autre ne fut que terrible.
J'admire leurs talents divers,
Moi qui compile leur histoire;
Mais aucun d'eux n'obtint la gloire
De faire de si jolis vers.
O mon héros! esprit fertile,
Animé de ce divin feu,
Régner et vaincre n'est qu'un jeu,
Et bien rimer est difficile.
Mais non, cet art noble et charmant
N'est pour vous qu'un délassement.
Homme universel que vous êtes!
Vous saisissez également
La lyre aimable des poëtes,
Et de Mars le foudre assommant
Tout est pour vous amusement,
Vos mains à tout sont toujours prêtes;
Vous rimez non moins aisément
Que vous avez fait vos conquêtes.
Si la reine de Hongrie et le Roi mon seigneur et maître voyaient la lettre de V. M., ils ne pourraient s'empêcher de rire, malgré le mal que vous avez fait à l'une, et le bien que vous n'avez pas fait à l'autre.