<211>fond respect, l'admiration de votre ancien serviteur, de votre ancien protégé, de celui dont l'âme a été toujours à genoux devant la vôtre.

231. A VOLTAIRE.a

Potsdam, 5 mars 1749.

Il y a de quoi purger toute la France avec les pilules que vous me demandez, et de quoi tuer vos trois Académies.b Ne vous imaginez pas que ces pilules soient des dragées; vous pourriez vous y tromper. J'ai ordonné à Darget de vous envoyer de ces pilules qui ont une si grande réputation en France, et que le défunt Stahl faisait faire par son cocher. Il n'y a ici que les femmes grosses qui s'en servent. Vous êtes en vérité bien singulier de me demander des remèdes, à moi qui fus toujours incrédule en fait de médecine.

Quoi! vous avez l'esprit crédule
A l'égard de vos médecins,
Qui, pour vous dorer la pilule,
N'en sont pas moins des assassins!
Vous n'avez plus qu'un pas à faire,
Et je vois mon dévot Voltaire
Nasiller chez les capucins.

Faites ce que vous pourrez pour vous guérir : il n'y a de vrai bien en ce monde que la santé. Que ce soient les pilules, le séné, ou


a Cette lettre se trouve aussi t. XI, p. 154-106, avec quelques variantes.

b L'Académie française, fondée en 1635, l'Académie des inscriptions, nommée plus tard Académie des inscriptions et belles-lettres, fondée en 1663, et l'Académie des sciences, fondée en 1666.