<278>nière dont vous les mettez en œuvre. Je vois combien vous êtes un grand maître en éloquence. Oui, si l'éloquence ne transporte pas des montagnes comme la foi, elle abaisse les hauteurs, elle relève les fonds, elle est maîtresse de la nature, et surtout du cœur humain. La belle science! qu'heureux sont ceux qui la possèdent, et surtout qui la manient avec autant de supériorité que vous!
J'ai cru que vous aviez, il y a longtemps, ces Mémoires de notre Académie. On les relie actuellement, et on vous les enverra incontinent. Vous y trouverez répandus quelques-uns de mes ouvrages; mais je dois vous avertir que ce ne sont que des esquisses. J'ai employé, depuis, un temps considérable à les corriger. On en fait actuellement une édition avec des augmentations et des corrections nombreuses, qui sera plus digne de votre attention. Vous l'aurez dès que l'imprimeur aura achevé sa besogne.
Vous me demandez mon poëme; mais il ne peut point se montrer. D'Arnaud vous mandera ce qu'il contient.
J'osais de mes pinceaux hardis
Croquer le ciel du fanatique,
Son enfer et son paradis,
Et me gausser en hérétique
De ces foudres hors de pratique
Dont Rome écrase les maudits;
Mais de mes vers tant étourdis,
Dont je connais le ton caustique,
Je cache le recueil épique
A vos indiscrets de Paris.
Certain Boyer, qui chez vous brille,
Grand frondeur de plaisants écrits.
Ferait condamner par ses cris
Mes pauvres vers à la Bastille.
Je hais ces funestes lambris;
Ma Muse, les Jeux, et les Ris,
Dans ma demeure tant gentille