Ne craignent point pareils mépris.
C'est assez lorsqu'en sa jeunesse
On a tâté de la prison;a
Mais dans l'âge de la sagesse
Y retourner, c'est déraison.
Ainsi, mon cher Voltaire, si vous voulez voir de mes sottises, il faut venir sur les lieux; il n'y a plus moyen de reculer. Le poëme, à la vérité, ne vous payera pas des fatigues du voyage; mais le poëte qui vous aime en vaut peut-être la peine. Vous verrez ici un philosophe qui n'a d'autre passion que celle de l'étude, et qui sait, par les difficultés qu'il trouve dans son travail, reconnaître le mérite de ceux qui, comme vous, y réussissent aussi supérieurement.
Il est ici une petite communauté qui érige des autels au dieu invisible; mais, prenez-y bien garde, des hérétiques élèveront sûrement quelques autels à Baal, si notre dieu ne se montre bientôt. Je n'en dis pas davantage. Adieu.
261. DE VOLTAIRE.
Paris, 8 mai 1750.
Oui, grand homme, je vous le dis,
Il faut que je me renouvelle.
J'irai dans votre paradis
Du feu qui m'embrasait jadis
Ressusciter quelque étincelle,
a Allusion au séjour forcé que Frédéric fit à Cüstrin, du 4 septembre 1730 au 26 février 1732. Voyez J.-D.-E. Preuss, Friedrichs des Grossen Jugend und Thronbesteigung, p. 75 et suivantes. Voyez aussi t. XXI, p. 101 de notre édition.