<288>suis arrivé me portant très-mal. En vérité, je vais à votre cour comme les malades de l'antiquité allaient au temple d'Esculape.
Ici j'acquiers un double grade;
Je suis de Votre Majesté
Et le sujet, et le malade.
Je fais ma cour à la naïade
De ce beau lieu peu fréquenté;
De son onde je bois rasade.
La nymphe, pleine de bonté,
A mes yeux a daigné paraître;
Elle m'a dit : « Ce lieu champêtre
Pourrait te donner la santé;
Mais vole auprès du Roi mon maître;
Il donne l'immortalité. »
J'y vole, Sire; j'arriverai mort ou vif. Je pars d'ici le 5; mon misérable état, et plus encore mon carrosse cassé, me retiennent trois jours.
Je supplie V. M. d'avoir la bonté d'envoyer l'ordre pour le Vorspann au commandant de Lippstadt, et de daigner me recommander à lui. C'est une chose affreuse pour un malade français, qui n'a que des domestiques français, de courir la poste en Allemagne. Érasme s'en plaignait il y a deux cents ans. Ayez pitié de votre malade errant.
Je recachette ma lettre, et je renouvelle à V. M. mon profond respect, et ma passion de voir encore ce grand homme.