<298> où je la lui présente, avec le plus profond respect et le plus tendre attachement.
273. A VOLTAIRE.a
Potsdam, 24 février 1751.
J'ai été bien aise de vous recevoir chez moi; j'ai estimé votre esprit, vos talents, vos connaissances; et j'ai dû croire qu'un homme de votre âge, lassé de s'escrimer contre les auteurs, et de s'exposer à l'orage, venait ici pour se réfugier comme en un port tranquille. Mais vous avez d'abord, d'une façon assez singulière, exigé de moi de ne point prendre Fréron pour m'écrire des nouvelles; j'ai eu la faiblesse ou la complaisance de vous l'accorder, quoique ce n'était pas à vous de décider de ceux que je prendrais en service. D'Arnaudb a eu des torts envers vous; un homme généreux les lui eût pardonnes; un homme vindicatif poursuit ceux qu'il prend en haine. Enfin, quoique d'Arnaud ne m'ait rien fait, c'est par rapport à vous qu'il est parti d'ici. Vous avez été chez le ministre de Russiec lui parler d'affaires dont vous n'aviez point à vous mêler, et l'on a cru que je vous en avais donné la commission. Vous vous êtes mêlé des affaires de madame de Bentinck, sans que ce fût certainement de votre département. Vous avez eu la plus vilaine affaire du monde avec le juif. Vous avez fait un train affreux dans toute la ville. L'affaire des billets saxons est si
a Cette lettre est tirée de l'édition de Bâle, t. II, p. 247 et 248.
b Voyez ci-dessus, p. 197, 271, 273, 270, 277, 278, 284, 286, etc. La reine Elisabeth-Christine écrit à son frère le duc Ferdinand de Brunswic, Berlin, 21 novembre 1750 : « M. d'Arnaud est parti aujourd'hui pour retourner en France; il s'est brouillé avec Voltaire. »
c M. de Gross, qui avait quitté Berlin vers la fin de l'année 1750. Voyez t. IV, p. 23.