<300> personne pour objet, et dont l'attachement ne peut être douteux. Puisque vous avez la bonté de me dire les choses qui vous ont déplu, cette bonté même m'assure que je ne vous déplairai plus. Il est bien sûr que je ne me suis pas donné à vous pour ne pas chercher à vous rendre ma conduite agréable, et que, quand on est conduit par le cœur, les devoirs sont bien doux.
Permettez-moi, Sire, de dire à V. M. que j'avais beaucoup connu Gross à Paris, qu'il m'était venu voir à Berlin, et que j'allai le prier de me faire venir un ballot de livres et de cartes de géographie que M. de Rasumowsky me devait envoyer. Je ne savais pas un mot de son rappel. Ce fut lui qui me l'apprit; et quand il m'en dit la raison, je me mis à rire. Je lui dis en vérité ce qui convenait, en pareille occasion, à un homme qui apprenait cette aventure de sa bouche. C'est l'unique fois que je lui aie parlé, et l'unique ministre que j'aie vu, et je peux assurer V. M. que je n'en verrai aucun en particulier.
Pardonnez-moi si je vous ai présenté des lettres de madame de Bentinck. Je ne vous en présenterai plus.
A l'égard de la société, j'ose dire, Sire, que je ne crois pas y avoir mis la moindre apparence d'aigreur ni de trouble. S'il y avait même quelqu'un dont je pusse avoir à me plaindre, je jure à V. M. que tout serait oublié dans un instant, et que le bonheur d'être dans vos bonnes grâces me rendrait agréables ceux même qui, étant mal instruits de l'affaire du juif, auraient trop pris parti contre moi. Je ne crois pas qu'il puisse être revenu à V. M. que j'aie jamais dit un seul mot qui ait pu déplaire à personne. Daignez être très-sûr que jamais je ne mettrai même la moindre froideur dans le commerce avec aucun de ceux qui vous approchent; et sur cela je n'aurai pas à me vaincre.
Pour le juif, daignez, Sire, vous informer des juges s'il y a un homme plus inique et de plus mauvaise foi sur la terre. Il refuse, tout condamné qu'il est, les mille écus que je lui offre de gagner.