<48>mortalité. Vous irez, Sire, par toutes les routes; mais celle-ci ne sera pas la moins glorieuse :
J'en atteste le Dieu que l'univers adore,
Qui jadis inspira Marc-Aurèle et Titus,
Qui vous donna tant de vertus,
Et que tout bigot déshonore.
Il vient tous les jours ici de jeunes officiers français; on leur demande ce qu'ils viennent faire, ils disent qu'ils vont chercher de l'emploi en Prusse. Il y en a quatre actuellement de ma connaissance : l'un est le fils du gouverneur de Bergues-Saint-Vinox, l'autre le garçon-major du régiment de Luxembourg, l'autre le fils d'un président, l'autre le bâtard d'un évêque. Celui-ci s'est enfui avec une fille, cet autre s'est enfui tout seul, celui-là a épousé la fille de son tailleur, un cinquième veut être comédien, en attendant qu'on lui donne un régiment.
J'apprends une nouvelle qui enchante mon esprit tolérant; V. M. fait revenir de pauvres anabaptistes qu'on avait chassés, je ne sais trop pourquoi.
Que deux fois on se rebaptise,
Ou que l'on soit débaptisé,
Qu'étole au cou Jean exorcise,
Ou que Jean soit exorcisé,
Qu'il soit hors ou dedans l'Église,
Musulman, brahmane ou chrétien,
De rien je ne me scandalise,
Pourvu qu'on soit homme de bien.
Je veux qu'aux lois on soit fidèle,
Je veux qu'on chérisse son roi;
C'est en ce monde assez, je croi;
Le reste, qu'on nomma la foi,
Est bon pour la vie éternelle,
Et c'est peu de chose pour moi.