O divine amitié d'un cœur tendre et flexible!
Seul espoir dans ma vie, et seul bien dans ma mort,
Tout cède devant toi; Vénus est moins sensible,
Hercule était moins fort,a
J'emploie toute ma rhétorique auprès d'Hercule de Fleury, pour voir si l'on pourra l'humaniser sur votre sujet. Vous savez ce que c'est qu'un prêtre, qu'un politique, qu'un homme très-têtu;b et je vous prie d'avance de ne me point rendre responsable des succès qu'auront mes sollicitations; c'est un van Duren placé sur le trône.
Ce Machiavel en barrette,
Toujours fourré de faux-fuyants,
Lève de temps en temps sa crête,
Et honnit les honnêtes gens.
Pour plaire à ses yeux bienséants,
Il faut entonner la trompette
Des éloges les plus brillants,
Et parfumer sa vieille idole
De baume arabique et d'encens.
Ami, je connais ton bon sens;
Tu n'as pas la cervelle folle
De l'abjecte faveur des grands,
Et tu n'as point l'âme assez molle
Pour épouser leurs sentiments.
Fait pour la vérité sincère,
A ce vieux monarque mitré,
Précepteur de gloire entouré,
Ta franchise ne saurait plaire.
a Au lieu de ces quarante-huit vers, on ne trouve dans l'édition de Kehl que les suivants, qui font partie du no 146 de notre recueil (voyez ci-dessus, p. 38) :
L'ananas, qui de tous les fruits
Rassemble en lui le goût exquis,
Voltaire, est ton parfait emblème;
Ainsi les arts au point suprême
Se trouvent en toi réunis.
b Qu'un vieillard têtu. (Variante de l'édition de Kehl, t. LXV, p. 56.)