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266. DE VOLTAIRE.289-a

Ce .. (juillet 1750).
Sur un grand chemin de l'évêché de Hildesheim, beau
pays pour un prêtre, et digne d'appartenir à un roi
hérétique.

Beau Sans-Souci, daignez attendre
Le plus malingre des humains;
Au paradis je dois me rendre,
Mais le diable en fit les chemins.

Sire, quel chien de pays que la Westphalie et les environs de Hanovre et de Hesse! On y fait trois milles en deux jours. J'ai été en exil quinze jours à Clèves; j'ai la fièvre, et V. M. a eu beau presser et prêcher les chevaux de la route, ainsi qu'en usaient les héros d'Homère;

Dans des jours à jamais terribles,
Quand il faut battre l'ennemi,
Vous êtes très-bien obéi
Par cent mille bras invincibles;
Mais vos postillons, vos coursiers,
Imitent fort mal vos guerriers.
Ils n'ont pas l'humeur si docile;
Et vous avez beau, comme Achille,
Les encourager en beaux vers;
Ils sont les seuls, dans l'univers,
Qui ne goûtent pas votre style.

J'ignore si ce petit billet doux arrivera avant moi.289-b Mais il faut toujours écrire à sa maîtresse, dût-on porter la lettre soi-même; <290>à plus forte raison à Frédéric le Grand. J'assure S. M. de mes vifs désirs, et lui présente mes profonds respects.

Signé à Halberstadt, en attendant que je sois assez heureux pour en partir.

V.


289-a Cette lettre est tirée du journal Der Freymüthige, oder Berlinische Zeitung für gebildete, unbefangene Leser, publié par A. de Kotzebue, Berlin, chez Sander, 1803, in-4, p. 89.

289-b Voltaire arriva à Potsdam le 10 juillet.