<10> catholicisme était embarrassant. Il a signé qu'il serait de la religion que le Roi voudrait. Il apprend actuellement à danser et à chanter pour donner une meilleure éducation au fils de S. M., et il n'attend que l'ordre du Roi pour partir. Pour moi, j'attends tout doucement la fin de mes coliques, de mes rhumatismes, de mes ouvrages, et de toutes les misères de ce monde.
Je vous embrasse.
336. DU MÊME A FRÉDÉRIC.
(Aux Délices) octobre 1757.a
Sire, ne vous effrayez pas d'une longue lettre, qui est la seule chose qui puisse vous effrayer.
J'ai été reçu chez V. M. avec des bontés sans nombre; je vous ai appartenu, mon cœur vous appartiendra toujours. Ma vieillesse m'a laissé toute ma vivacité pour ce qui vous regarde, en la diminuant pour tout le reste. J'ignore encore, dans ma retraite paisible, si V. M. a été à la rencontre du corps d'armée de M. de Soubise, et si elle s'est signalée par de nouveaux succès. Je suis peu au fait de la situation présente des affaires; je vois seulement que, avec la valeur de Charles XII, et avec un esprit bien supérieur au sien, vous vous trou-
a Voltaire au duc de Richelieu, le 4 février 1757 : « Le roi de Prusse vient de m'écrire une lettre tendre. » L'édition Beuchot, t. LVII, p. 214, ajoute en note : « Datée du 19 janvier, à Dresde. Cette lettre de Frédéric nous est inconnue. » Voltaire écrit aussi au comte d'Argental, le 12 septembre 1757 : « Je ne sais si je vous ai fait part de la lettre qu'il (Frédéric) m'a écrite il y a environ trois semaines : J'ai appris, dit-il, que vous vous étiez intéressé à mes succès et à mes malheurs; il ne me reste qu'à vendre cher ma vie, etc, etc. » Nous ne connaissons de cette lettre du Roi que la phrase citée.