<129> ouvrages à son gré. Josèphe s'en est ressenti également; l'Évangile de Jean, de même. Tout ce qui m'étonne, c'est que messieurs les correcteurs ne se soient pas aperçus de certaines incongruités qu'ils auraient pu rectifier avec un coup de plume, comme la double généalogie, la prophétie dont vous faites mention, et nombre d'erreurs de noms de villes, de géographie, etc., etc.; les ouvrages marqués au sceau de l'humanité, c'est-à-dire, de bévues, d'inconséquences, de contradictions, devaient ainsi se déceler eux-mêmes. L'abrutissement de l'espèce humaine, durant tant de siècles, a prolongé le fanatisme. Enfin vous avez été le Bellérophon qui a terrassé cette Chimère.
Vivez donc pour achever d'en disperser les restes. Mais surtout songez que le repos et la tranquillité d'esprit sont les seuls biens dont nous puissions jouir durant notre pèlerinage, et qu'il n'est aucune gloire qui en approche. Je vous souhaite ces biens, et je jure par Épicure et par Aristide que personne de vos admirateurs ne s'intéresse plus que moi à votre félicité.
395. AU MÊME.a
(Décembre 1766.)
Je vous fais mes remercîments pour la belle tragédieb que je viens de recevoir, et pour les ouvrages intéressants que j'attends encore, et qui ne tarderont pas d'arriver. J'ai donné commission de chercher l'Abrégé de Fleury, s'il s'en trouve à Berlin, pour vous l'envoyer. On prétend qu'un docteur Ernesti a réfuté cet ouvrage;c mais ce qu'il
a Œuvres posthumes, t. X, p. 17-20.
b Le Triumvirat. Œuvres de Voltaire, édit. Beuchot, t. VIII, p. 75-163.
c Jean-Auguste Ernesti avait critiqué sévèrement l'Abrégé de Fleury, ainsi que l'Avant-propos du Roi, dans sa Neue theologische Bibliothek, Leipzig, 1766, t. VII, p. 333-345.