<136>La cour de France traite ces gens avec une hauteur inouïe, et j'avoue que j'ai peine à concevoir pourquoi sa décision se trouve actuellement diamétralement opposée à celle qu'elle porta sur la même affaire, il y a trente années. Ce qui était juste alors doit l'être à présent. Les lois sur lesquelles cette république est fondée n'ont point changé; le jugement devrait donc être le même. Voilà ce que l'on pense dans le Nord sur cette affaire.
Peut-être dans le Sud fait-on des gloses sur la liberté de conscience sollicitée pour les dissidents. Je me suis fourré dans la comparsa, et je n'ai pas voulu jouer un rôle principal dans cette scène. Les rois d'Angleterre et du Nord ont pris le même parti; l'impératrice de Russie décidera cette querelle avec la république de Pologne comme elle pourra. Les dissensions polonaises et les négociations italiennes sont à peu près de la même espèce; il faut vivre longtemps et avoir une patience angélique pour en voir la fin.
Je vous souhaite, en attendant, la bonne année, santé, tranquillité et bonheur, et qu'Apollon, ce dieu des vers et de la médecine, vous comble de ses doubles faveurs. Vale.
398. AU MÊME.
Potsdam, 10 février 1767.
L'accident qui vous est arrivé attriste tous ceux qui l'ont appris. Nous nous flattons cependant que ce sera sans suite; vous n'avez presque point de corps, vous n'êtes qu'esprit, et cet esprit triomphe des maladies et des infirmités de la nature qu'il vivifie.
Je vous félicite des avantages qu'a remportés le peuple de Genève