<221> d'une douceur charmante, et très-aimable dans la société. Il aura été charmé, sans doute, de recevoir vos vers; et j'ai vu avec plaisir que vous vous souveniez encore de moi.a Le roi de Suède nous a parlé beaucoup des nouveaux arrangements qu'on prenait en France, de la réforme de l'ancien parlement, et de la création d'un nouveau. Pour moi, qui trouve assez de matières à m'occuper chez moi, je n'envisage qu'en gros ce qui se fait ailleurs. Je ne puis juger des opérations étrangères qu'avec circonspection, parce qu'il faudrait plus approfondir les matières que je ne le puis, pour en décider.
On dit que le chancelierb est un homme de génie et d'un mérite distingué; d'où je conclus qu'il aura pris les mesures les plus justes, dans la situation actuelle des choses, pour s'arranger de la manière la plus avantageuse et la plus utile au bien de l'État. Cependant, quoi qu'on fasse en France, les Velches crient, critiquent, se plaignent, et se consolent par quelque chanson maligne, ou quelques épigrammes satiriques. Lorsque le cardinal Mazarin, durant son ministère, faisait quelque innovation, il demandait si à Paris on chantait la canzonetta. Si on lui disait que oui, il était content.
Il en est presque de même partout. Peu d'hommes raisonnent, et tous veulent décider.
Nous avons eu ici en peu de temps une foule d'étrangers. Alexis Orloff, à son retour de Pétersbourg, a passé chez nous pour se rendre sur sa flotte, à Livourne; il m'a donné une pièce assez curieuse que je vous envoie.c Je ne sais comment il se l'est procurée; le contenu en est singulier; peut-être vous amusera-t-elle.
a Voltaire dit dans son Épître au roi de Suède : J'aurais mis mon bonheur à te faire ma cour,
A revoir Sans-Souci, ce fortuné séjour
Où règnent la Victoire et la Philosophie,
Où l'on voit le Pouvoir avec la Modestie.
Œuvres de Voltaire
, édit. Beuchot, t. XIII, p. 314.b Maupeou. Voyez t. VI, p. 34.
c Lettre de M. Nicolini à M. Francouloni, t. XV, p. XVIII, et p. 195 et suivantes.