<246> sont aussi frais et d'un coloris aussi chaud que si vous les aviez faits à vingt ans. On les a imprimés à Berlin, et ils vont se répandre dans tout le Nord.
Nous avons eu, cette année, beaucoup d'étrangers, tant Anglais que Hollandais, Espagnols et Italiens; mais aucun Français n'a mis le pied chez nous, et je sais positivement que le marquis de Saint-Aulaire n'est point ici. S'il vient, il sera bien reçu, surtout s'il n'est point expatrié pour quelque mauvaise affaire, ce qui arrive quelquefois aux jeunes gens de sa nation.
Je pars cette nuit pour la Silésie; à mon retour, vous aurez une lettre plus étendue, accompagnée de quelques échantillons de porcelaine que les connaisseurs approuvent, et qui se fait à Berlin.
Je souhaite que votre gaîté et votre bonne humeur vous conservent encore longtemps pour l'honneur du Parnasse et pour la satisfaction de tous ceux qui vous lisent. Vale.
453. AU MÊME.
Potsdam, 16 septembre 1772.
J'ai reçu du Patriarche de Ferney des vers charmants, à la suite d'un petit ouvrage polémique qui défend les droits de l'humanité contre la tyrannie des bourreaux de conscience. Je m'étonne de retrouver toute la fraîcheur et le coloris de la jeunesse dans les vers que j'ai reçus; oui, je crois que son âme est immortelle, qu'elle pense sans le secours de son corps, et qu'elle nous éclairera encore après avoir quitté sa dépouille mortelle. C'est un beau privilége que celui de