<275> intéressé à votre conservation; l'autre vous est sûre. Souvenez-vous de la maxime de l'empereur Auguste : Festina lente. Ce sont les vœux que le Philosophe de Sans-Souci fait pour le Patriarche de Ferney, en attendant les Lois de Minos.
466. DE VOLTAIRE.
Ferney, 19 mars 1778.
Sire, votre lettre du 29 février, qui est apparemment datée selon votre ancien style hérétique, ne m'en est pas moins précieuse. Votre style n'en est pas moins charmant; les choses les plus agréables et les plus philosophiques naissent sous votre plume. Il vous est aussi aisé d'écrire des choses dignes de la postérité qu'il l'est aux rois du Midi d'écrire : « Dieu vous ait, mon cousin, en sa sainte et digne garde; et vous, monsieur le président, en sa sainte garde. »a
J'ai été sur le point de ne répondre à V. M. que des champs Élysées; c'est après cinquante accès de fièvre, accompagnés de deux ou trois maladies mortelles, que j'ai l'honneur de vous écrire ce peu de lignes.
Je ne sais si je me trompe, mais j'ai bien peur que le renouvellement de la guerre entre la Porte de Mustapha et la Porte de Catherine II n'entraîne des suites fatales. V. M. est toujours préparée à tout événement, et, quelque chose qui arrive, elle fera de jolis vers et gagnera des batailles.
J'ai l'honneur de lui envoyer les Lois de Minos, avec des notes qui pourront lui paraître assez intéressantes; elle trouvera, dans le cours
a Voyez t. XVI, p. 111.