<276> de la pièce, que j'ai profité d'un certain poëme sur les confédérés. Elle verra même qu'il y a quelque chose qui ressemble au roi de Suède, votre neveu; on prétend que notre ministère velche veut s'approprier ce grand prince, et troubler un peu votre Nord. Ce sont mystères qui passent mon intelligence; je m'en remets, sur tous les futurs contingents,a aux ordres de Sa sacrée Majesté le Hasard,b ou plutôt aux ordres plus réels de Sa divine Majesté la Destinée. Les mourants d'autrefois savaient prédire l'avenir; le monde dégénère; et tout ce que je puis prédire, c'est que je serai votre admirateur, et votre très-sincèrement attaché Suisse, pendant le peu de minutes qui me restent encore à végéter entre le mont Jura et les Alpes.
Le vieux malade de Ferney.
467. A VOLTAIRE.
Potsdam, 4 avril 1773.
Vous savez que tous les princes ont des espions; j'en ai jusqu'au pied des Alpes, qui m'ont alarmé en m'apprenant les dangers dont vous avez été menacé. Je ne sais s'ils mont annoncé juste (car vous savez que les princes sont sujets à être trompés); mais ils soutiennent que votre mal est dégénéré en goutte; ce qui m'a doublement réjoui. Cette maladie, à votre âge, pronostique une longue vie, et je suis bien aise de vous associer à notre confrérie de goutteux.
a Voyez, t. XXI, la correspondance philosophique de Frédéric avec Voltaire, pendant les années 1787 et 1738, où les futurs contingents sont souvent cités, p. e. p. 121 et 178. Voyez aussi t. V, p. 259.
b Voyez ci-dessus, p. 31.