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487. DE VOLTAIRE.

Ferney, 26 avril 1774.

Sire, permettez-moi de parler à Votre Majesté de votre jeune officier, à qui vous avez donné la permission de venir chez moi. Je croyais trouver un jeune Français qui aurait encore un petit reste de l'étourderie tant reprochée à notre nation. J'ai trouvé l'homme le plus circonspect et le plus sage, ayant les mœurs les plus douces, et aimant passionnément la profession des armes, à laquelle il s'est voué.

Je ne sais encore s'il réussira dans ce qu'il entreprend; mais il m'a dit vingt fois qu'il ne quitterait jamais votre service, quand même il ferait en France la fortune la plus brillante et la plus solide. Je n'étais pas suffisamment instruit de sa famille et de son étonnante affaire; c'est un bon gentilhomme, fils du premier magistrat de la ville où il est né. J'ai fait venir les pièces de son procès. Je ne sors point de surprise quand je vois quelle a été sa faute, et quelle a été sa condamnation. Il n'est chargé juridiquement que d'avoir passé fort vite, le chapeau sur la tête, à quarante pas d'une procession de capucins, et d'avoir chanté avec quelques autres jeunes gens une chanson grivoise, faite il y a plus de cent ans.

Il est inconcevable que, dans un pays qui se dit policé, et qui prétend avoir quelques citoyens aimables, on ait condamné au supplice des parricides un jeune homme sortant de l'enfance, pour une chose qui n'est pas même une peccadille, et qui n'aurait été punie, ni à Madrid, ni à Rome, de huit jours de prison.

On ne parle encore de cette aventure dans l'Europe qu'avec horreur, et j'en suis aussi frappé que le premier jour. J'aurais conseillé à M. de Morival, votre officier, de ne point s'avilir jusqu'à demander