<325>Le suffrage du lord Chesterfield a un très-grand poids, non seulement parce qu'il était d'une nation qui ne songe guère à flatter les rois, mais parce que de tous les Anglais c'est peut-être celui qui a écrit avec le plus de grâce. Son admiration pour vous ne peut être suspecte; il ne se doutait pas que ses lettres seraient imprimées après sa mort et après celle de son bâtard. On les traduit en français en Hollande; ainsi V. M. les verra bientôt. Elle lira le seul Anglais qui ait jamais recommandé l'art de plaire comme le premier devoir de la vie.
Je me souviens toujours que ma plus grande passion a été de vous plaire; elle est actuellement de ne vous pas déplaire. Tout s'affaiblit avec l'âge; plus on sent sa misère, plus on est modeste.
Votre vieux admirateur.
493. A VOLTAIRE.
Potsdam, 19 septembre 1774.a
Le chancelier de France est culbuté, à ce que disent les nouvelles publiques; il faudra recourir à un autre protecteur, si vous voulez servir Morival. On dit que l'ancien parlement va revenir; mais je ne me mêle pas des parlements, et je m'en repose sur la prudence du seizième des Louis, qui saura mieux que moi ce qu'un Louis doit faire.
Je rends justice à vos beaux vers sur la Tactique, comme aux injures élégantes qui, selon vous, sont des louanges. Et quant à ce que vous ajoutez sur la guerre, je vous assure que personne n'en veut en
a Le 13 septembre 1774. (Variante des Œuvres posthumes, t. IX, p. 230.)