<377> qui mourut de cette maladie, quoiqu'elle eût été très-bien touchée; mais un tel cas est très-rare.
V. M. avait eu la bonté de me mander qu'après ses revues elle se délasserait un moment à entendre Le Kain et Aufresne; mais je vois bien que vos héros guerriers qui marchent sous vos drapeaux l'emportent sur vos héros de théâtre. V. M. les passe en revue dans quatre cents lieues de pays pendant un mois. C'était à peu près avec cette rapidité qu'un de vos prédécesseurs, nommé Jules César, parcourait notre petit pays des Velches. Il faisait des vers aussi, ce Jules ou Julius, car les véritablement grands hommes font de tout.
Je suis plus que jamais l'adorateur et l'admirateur des gens de ce caractère, qui sont en si petit nombre.
Agréez, Sire, avec bonté, le profond respect, la reconnaissance et l'attachement inviolable de ce vieux malade du mont Jura.
522. A VOLTAIRE.
Potsdam, 12 juillet 1775.a
Vous croyez, mon cher patriarche, que j'ai toujours l'épée au vent? Cependant votre lettre m'a trouvé la plume à la main, occupé à corriger d'anciens mémoiresb que vous vous ressouviendrez peut-être d'avoir vus autrefois peu corrects et peu soignés. Je lèche mes petits; je tâche de les polir. Trente années de différence rendent plus difficile à se satisfaire; et quoique cet ouvrage soit destiné à demeurer enfoui pour toujours dans quelque archive poudreuse, je ne veux pourtant pas qu'il soit mal fait. En voilà assez pour mes occupations.
a Le 14 juillet 1775. (Variante des Œuvres posthumes, t. IX, p. 275.)
b L'Histoire de mon temps. Voyez t. XXII, p. 135, 142, 145, 146 et 147.