<403>Peut-être que mes vers ne valent guère mieux que ceux de messieurs vos critiques; ils contiennent cependant quelques vérités qui pourraient leur faire rabattre de leur amour-propre excessif; mais laissons ces avortons de Zoïle.
Je me flatte d'être le premier qui vous félicite de l'intendance du pays de Gex, dont on vient de vous revêtir, et sur l'érection en marquisat de votre terre de Ferney. A force de mérite, vous forcez votre patrie à vous témoigner sa reconnaissance. Je prends part à tout ce qui arrive d'avantageux à notre bon patriarche, et je le prie de se souvenir quelquefois du solitaire de Sans-Souci. Vale.
533. AU MÊME.
Potsdam, 4 décembre 1775.
Aucune de vos lettres ne m'a fait autant de plaisir que celle que je viens de recevoir; elle me tire des inquiétudes que la nouvelle de votre maladie m'avait causées. Il faut que le Patriarche de Ferney vive longues années pour la gloire des lettres, et pour honorer le dix-huitième siècle. J'ai survécu vingt-six ans à une attaque d'apoplexie que j'eus l'année 1749.a J'espère que vous en ferez de même. Ce qu'on appelle semi-apoplexie n'est pas si dangereux; et, en observant un bon régime, en renonçant aux soupers, j'espère que nous pourrons vous conserver encore pour la satisfaction de tous ceux qui pensent.
Vous me demandez ce que c'est que l'esprit? Hélas! je vous dirai
a C'était au mois de février 1747 que le Roi avait eu l'attaque d'apoplexie dont il parle. Voyez t. XXII, p. 186.