<419> avait l'esprit plus conséquent et plus solide que M. l'évêque d'Hippone. Le paquet est un peu gros pour partir par la poste; mais V. M. l'ordonne.
Je lui souhaite la santé et la longue vie du maréchal Keith;a je lui souhaite un doux repos, qu'il a bien mérité par son activité en tout genre. Je suis au désespoir de mourir loin de lui; j'ose lui demander avec autant de respect que de tendresse la continuation de ses bontés.
542. A VOLTAIRE.
Potsdam, 19 mars 1776.b
Il est vrai, comme vous le dites, que les chrétiens ont été les plagiaires grossiers des fables qu'on avait inventées avant eux. Je leur pardonne encore les vierges en faveur de quelques beaux tableaux que les peintres en ont faits; mais vous m'avouerez cependant que jamais l'antiquité, ni quelque autre nation que ce soit, n'a imaginé une absurdité plus atroce et plus blasphématoire que celle de manger son Dieu. C'est le dogme le plus révoltant, le plus injurieux à l'Être suprême, le comble de la folie et de la démence. Les gentils, il est vrai, faisaient jouer à leurs dieux des rôles assez ridicules, en leur prêtant toutes les passions et les faiblesses humaines. Les Indiens font incarner trente fois leur Sommona-Codom;c à la bonne heure. Mais tous ces peuples ne mangeaient point les objets de leur
a Mylord Marischal. Voyez t. XX, p. XVIII, et p. 285-332.
b Le 9 mars 1776. (Variante des Œuvres posthumes, t. IX, p. 318.)
c Le dieu des Siamois.