<444>gés d'écrire avec une circonspection gênante pour la vérité. La prê-traille venge la moindre égratignure que souffre l'orthodoxie; l'on n'ose montrer la vérité à découvert; et les tyrans des âmes veulent que les idées des citoyens soient toutes moulées dans le même moule.
Vous aurez toutefois eu l'avantage de surpasser tous vos prédécesseurs dans le noble héroïsme avec lequel vous avez combattu l'erreur. Et de même qu'on ne reproche pas au fameux Boerhaave de n'avoir pas détruit la fièvre chaude, ni l'étisie, ni le haut mal, mais qu'il s'est borné à guérir, de son temps, quelques-uns de ses contemporains, aussi peu pourra-t-on reprocher au savant médecin des âmes de Ferney de n'avoir pu détruire la superstition ni le fanatisme, et de n'avoir appliqué son remède qu'à ceux qui étaient guérissables.
Mon individu, qui s'est mis à son régime, le bénit mille fois, en lui souhaitant longue vie et prospérité; c'est dans ces sentiments que le solitaire de Sans-Souci salue le patriarche des incrédules. Vale.
555. AU MÊME.
Potsdam, 26 mars 1777.
Des trois raisons qui vous ont empêché de me répondre, la première et la seconde sont une suite des lois de la nature, mais la troisième est un effet de la méchanceté des hommes, qui me les ferait haïr, si, par bonheur pour l'humanité, il n'y avait encore des âmes vertueuses en faveur desquelles on fait grâce à l'espèce. Mais quelle cruelle méchanceté de persécuter un vieillard, et de prendre plaisir à empoi-