<472>pute avec lui; il veut apprendre l'allemand; je lui dis que cela n'en vaut pas la peine, parce que nous n'avons pas de bons auteurs, et qu'il ne veut apprendre cette langue que pour nous faire la guerre. Il entend raillerie, et n'est certainement pas ennemi des Prussiens.
Puisse la nature fortifier les fibres du vieux patriarche! Je ne m'intéresse qu'à son corps, car son esprit est immortel. Vale.
568. DE VOLTAIRE.
Ferney, 6 janvier 1778.
Sire, grand homme, que vous m'instruisez, que vous me consolez, que vous me fortifiez dans toutes mes idées au bout de ma carrière! Votre Majesté, ou plutôt Votre Humanité,a a bien raison : le fatras métaphysique, théologique, fanatique, est sans doute ce que nous avons de plus méprisable; et cependant on écrira sur ces chimères absurdes tant qu'il y aura des universités, des esprits faux, et de l'argent a gagner.
Parmi les géomètres, il n'y a guère eu qu'Archimède et Newton qui aient acquis une véritable gloire, parce qu'ils ont inventé des choses très-difficiles, très-inconnues, et très-utiles; il n'y a point de gloire pour ceux qui ne savent que diviser a - b plus c par x moins z, et qui passent leur vie à écrire ce que les autres ont imaginé.
Pour l'histoire, ce n'est, après tout, qu'une gazette; la plus vraie est remplie de faussetés, et elle ne peut avoir de mérite que celui du style. Ce style est le fruit de la littérature; c'est donc à la littérature
a Voyez t. XXII, p. 7, 11, 17, 19, 25, 44, 58, 60, etc.; et, même volume, p. 172, lettre de Voltaire, du 16 novembre 1743.