<64> perfection que je souhaite de tout mon cœur pouvoir admirer en vous.

On dit que vous mettez Socrate en tragédie; j'ai de la peine à le croire. Comment faire entrer des femmes dans la pièce? l'amour n'y peut être qu'un froid épisode; le sujet ne peut fournir qu'un bel acte cinquième, le Phédon de Platon une belle scène; et voilà tout.

Je suis revenu de certains préjugés, et je vous avoue que je ne trouve pas du tout l'amour déplacé dans la tragédie, comme dans le Duc de Foix, dans Zaïre, dans Alzire; et, quoi qu'on en dise, je ne lis jamais Bérénice sans répandre des larmes. Dites que je pleure mal à propos, pensez-en ce que vous voudrez; mais on ne me persuadera jamais qu'une pièce qui me remue et qui me touche soit mauvaise.

Voici une multitude d'affaires qui me surviennent. Vivez en paix; et si vous n'avez d'autre inquiétude que celle de mon ressentiment, vous pouvez avoir l'esprit en repos sur cet article. Vale.

366. DE VOLTAIRE.

(Aux Délices) août 1759.

Vous n'êtes pas ce fils d'un insensé,
Huilé dans Reims, et par l'Anglais pressé,
Que son Agnès si fidèle et si sage
Aima toujours, ayant tant caressé
Tantôt un moine et tantôt un beau page.
A Jeanne d'Arc vous n'avez point recours;
Son pucelage et son baudet profane,
Et saint Denis, sont de faibles secours;
Le vrai Denis, le héros de nos jours,
Je le connais, et je sais quel est l'âne.