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A votre fureur militaire.
Chaque esprit a son caractère;
Je conçois qu'on a du plaisir
A savoir, comme vous, saisir
L'art de tuer et l'art de plaire.

Cependant ressouvenez-vous de celui qui a dit autrefois :a

Et, quoique admirateur d'Alexandre et d'Alcide,
J'eusse aimé mieux choisir les vertus d'Aristide.

Cet Aristide était un bon homme; il n'eût point proposé de faire payer à l'archevêque de Mayence les dépens et dommages de quelque pauvre ville grecque ruinée. Il est clair que V. M. a encouru les censures de Rome en imaginant si plaisamment de faire payer à l'Eglise les pots que vous avez cassés. Pour vous relever de l'excommunication majeure, je vous ai conseillé, en bon citoyen, de payer vous-même. Je me suis souvenu que V. M. m'avait dit souvent que les peuples de ..... étaient des sots. En vérité, Sire, vous êtes bien bon de vouloir régner sur ces gens-là. Je crois vous proposer un très-bon marché en vous priant de les donner à qui les voudra.

Je m'imaginais qu'un grand homme,
Qui bat le monde et qui s'en rit,
N'aimait à dominer que sur des gens d'esprit,
Et je voudrais le voir à Rome.

Comme je suis très-fâché de payer trois vingtièmes de mon bien, et de me ruiner pour avoir l'honneur de vous faire la guerre, vous croirez peut-être que c'est par ladrerie que je vous propose la paix. Point du tout; c'est uniquement afin que vous ne risquiez pas tous les jours de vous faire tuer par des Croates, des hussards et autres barbares, qui ne savent pas ce que c'est qu'un beau vers.

Vos ministres auront sans doute à Bréda de plus belles vues que les miennes. M. le duc de Choiseul, M. de Kaunitz, M. Pitt, ne me


a Frédéric lui-même, dans l'Épître à mon Esprit. Voyez t. X, p. 258.