452. A VOLTAIRE.
Sans-Souci, 14 août 1772.
Je vous remercie des félicitations que vous me faites sur des bruits qui se sont répandus dans le public. Il faudra voir si les événements les confirment, et quel destin245-a auront les affaires de la Pologne.
J'ai vu des vers bien supérieurs à ceux qui m'ont amusé lorsque j'avais la goutte; ce sont les Systèmes et les Cabales.245-b Ces morceaux<246> sont aussi frais et d'un coloris aussi chaud que si vous les aviez faits à vingt ans. On les a imprimés à Berlin, et ils vont se répandre dans tout le Nord.
Nous avons eu, cette année, beaucoup d'étrangers, tant Anglais que Hollandais, Espagnols et Italiens; mais aucun Français n'a mis le pied chez nous, et je sais positivement que le marquis de Saint-Aulaire n'est point ici. S'il vient, il sera bien reçu, surtout s'il n'est point expatrié pour quelque mauvaise affaire, ce qui arrive quelquefois aux jeunes gens de sa nation.
Je pars cette nuit pour la Silésie; à mon retour, vous aurez une lettre plus étendue, accompagnée de quelques échantillons de porcelaine que les connaisseurs approuvent, et qui se fait à Berlin.
Je souhaite que votre gaîté et votre bonne humeur vous conservent encore longtemps pour l'honneur du Parnasse et pour la satisfaction de tous ceux qui vous lisent. Vale.
245-a Et quelle issue. (Variante des Œuvres posthumes, t. IX, p. 165.)
245-b Ces deux pièces satiriques se trouvent dans les Œuvres de Voltaire, édit. Beuchot, t. XIV. p. 242 et 255.