<126> j'avais à me confesser, je dirais à V. A. R. que mon cœur est droit, que mes intentions sont pures, que je suis faible, que, désirant d'être raisonnable, il m'arrive cependant de faire des folies dont je me repens. Voilà l'aveu sincère de ce que je suis. Daignez, madame, étendre votre indulgence sur votre pénitent. Vous mériteriez d'être servie par des anges, je ne suis qu'un mortel; toutefois je sais priser ce qui est estimable, et j'aime surtout à rendre hommage au mérite éminent où je le rencontre. Ce sont ces sentiments qui doivent répondre à V. A. R. de l'attachement inviolable et de la haute considération avec laquelle je suis, etc.

66. DE L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.

Dresde, 8 juillet 1766.



Sire,

Vous, Sire, vous appréhendez de m'inspirer de l'ennui? Quelle épigramme sur ma correspondance avec V. M.! C'est par une contrevérité que vous m'apprenez l'effet que mes lettres produisent sur votre esprit. Je sens combien votre vol est élevé, lorsque je ne fais que raser la terre, et, s'il était permis à une femme d'oser citer du latin, je dirais de moi, comme le bon Virgile du jeune Jule :

...... Sequiturque patrem non passibus aequis;a

ou, pour me rapprocher un peu plus des connaissances permises à mon sexe, je prendrais ma comparaison d'un livre vraiment fait pour être dans mes mains, et je me peindrais aussi lente dans ma marche que l'était le prince des apôtres, quand il suivait de si loin le meilleur


a Énéide, liv. II, v. 724.