<128> l'objet que je me propose toujours, si, malgré la longueur et le peu d'agrément de ma lettre, V. M. reçoit avec bonté les assurances de l'amitié et de la haute considération avec laquelle je suis, etc.

67. A L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.

15 juillet 1766.



Madame ma sœur,

Avouez, madame, qu'il y a de la malice dans votre fait. Votre Altesse Royale se propose de faire tourner la tête de son très-humble serviteur, qui n'y est que trop disposée. Je reçois votre lettre obligeante; je me dis : Voilà ce que t'écrit la princesse la plus éclairée de l'Europe, et qui a le plus de lumières; et aussitôt mon amour-propre flaire doucement cet agréable encens. Toutefois un petit moment de réflexion survient; la raison me dit : Festina lente; ne vois-tu pas qu'une princesse respectable, pour être enjouée, n'en est pas moins charmante; oui, l'Électrice a écrit cette lettre en sa bonne humeur. A la bonne heure, madame, égayez-vous sur mon compte; c'est une marque de votre gaîté qui est la plus grande faveur des cieux. Pour moi, je ferai mon profit honnête de ce que vous daignez m'écrire en me représentant sous de si belles couleurs. Au lieu de me peindre tel que je suis, vous me montrez tel que je devrais être, et je vous assure, madame, qu'en pensant à vous, l'idée de ces perfections et de mes devoirs s'y retraceront de même; je me ferai gloire d'être votre disciple, vos vertus sont des exemples parlants; quand même je n'y atteindrais pas, il sera toutefois beau de le tenter.

L'Empereur a été plus heureux que moi. Il a eu le bonheur de jouir de votre présence, de vous voir et de vous entendre. Il n'y a