<13> la foi aussi vive que vous; je ne prévois pas l'avenir plus qu'un dindon, et je me vois environné de piéges, d'embûches et de précipices, sans nouvelles certaines jusqu'au jour présent. Ce sera le 20 qu'elles arriveront, tant de Russie que de Constantinople. Dites au bon marquis que quand il y aura quelque chose de bon à lui apprendre, je me hâterai de le lui communiquer. Sachez tous cependant que la paix avec les Suédois va se faire en même temps que celle des Russes. Je lis à présent Fleury;a mais comme mon tracas commence déjà, je ne vais pas si vite avec ma lecture que cet hiver. Je me réjouis sur votre retour. Adieu, mon cher; veuille le ciel que je puisse vous donner de bonnes nouvelles à votre arrivée!

9. AU MÊME.

Seitendorf, 14 (juillet 1762).

Notre campagne va cahin-caha, mon cher; nous sommes magni in minimis. Nous faisons tous les jours une vingtaine de galeux de prisonniers; mais de Caron pas un mot. Le maréchal Daun a épousé la montagne de Barsdorf; il en est inséparable. Je suis vis-à-vis de lui à le contempler, et voilà tout. Il faut avoir recours à une nouvelle machine. Je dresse ma batterie. Ceci me traînera jusqu'au 20; à savoir si alors je ne manquerai pas encore mon coup. Le temps et cent autres raisons me pressent; je suis dans de grands embarras, dont le public superficiel et frivole ne devine pas les raisons. La Providence, ou le destin, ou le hasard, mèneront tous ces événements comme il


a Voyez t. XIX, p. 343.