<179> une chose, Sire, sur laquelle j'ose vous promettre que vous ne me trouverez jamais en défaut, ne cessant d'être avec tous les sentiments de la plus haute admiration et considération, etc.
104. A L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.
16 novembre 1768.
Madame ma sœur,
La lettre de Votre Altesse Royale m'a fait d'autant plus de plaisir, qu'elle sert de témoignage de la bonne santé dont vous jouissez, madame. Cette lettre m'annonce la faveur précieuse que V. A. R. me fait de me destiner son portrait, surtout de vouloir y travailler elle-même. Vous comblez la mesure, madame, en augmentant les obligations que je vous dois par le souvenir de vos bienfaits; ce portrait me rappellera sans cesse l'image de la princesse la plus éclairée, la plus instruite, la plus douée de talents que nous ayons en Allemagne, de celle qui vient si glorieusement de finir sa tutelle, et de confirmer dans le monde, par son exemple, que souvent les femmes ont un génie supérieur aux hommes pour gouverner les États. L'Électeur votre fils, madame, m'a notifié sa majorité, et je ferai incessamment partir quelqu'un pour lui témoigner la part que j'y prends. Il faut s'attendre à toutes les vertus de ce jeune prince, puisqu'il a eu une éducation pareille à celle de Télémaque, et que sa mère Minerve elle-même l'a élevé.
Nous sommes ici, madame, dans la plus grande tranquillité; et comme les personnes désœuvrées sont celles qui réfléchissent le plus, je me suis applaudi d'avoir deviné que le pape, persécuté par ses très-chers fils, se jetterait entre les bras des mécréants. V. A. R.